Mieux vaut tard que jamais, paraît-il. Joe Biden a donc attendu les derniers jours de sa présidence pour retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme, sur laquelle l’avait placé Donald Trump durant les derniers jours de son mandat, en janvier 2021. Après sa prestation de serment, lundi 20 janvier, le président républicain devrait s’atteler à remettre la Grande Île sur l’infamante liste. En attendant, une première question se pose : pourquoi une épiphanie si tardive ?
Rien depuis Obama ?
Cuba est l’un des seuls dossiers géopolitiques sur lequel Joe Biden n’a pas emprunté le même chemin que Barack Obama, dont il était pourtant le vice-président, particulièrement impliqué sur la politique étrangère. En décembre 2014 – soit un mois après les élections de mi-mandat, dernier scrutin de la présidence du premier président noir de l’Histoire des États-Unis – les relations entre les deux pays prenaient un virage inattendu.
Le 17 décembre 2014, après des mois de négociations secrètes, Barack Obama et Raul Castro annonçaient, dans des discours prononcés en même temps, ce rapprochement historique, notamment marqué par le rétablissement des relations diplomatiques.
Quelques mois avant de quitter la Maison-Blanche, Barack Obama effectuait, en mars 2016, une visite à Cuba, la première pour un président américain depuis quatre-vingt-huit ans. Cela devait rendre « irréversible » la nouvelle relation.
En novembre 2016, cette dernière a pourtant sombré dans les urnes des États-Unis, particulièrement celles de Floride, avec l’élection de Donald Trump. L’État, le plus important des swing states, votait pour ce dernier après avoir offert à deux reprises ses grands électeurs à Barack Obama.
Une maigre avancée avant le retour de Trump
Les attaques des républicains sur la « normalisation » des relations avec Cuba avaient clairement porté dans la communauté cubaine-américaine du « sunshine state ». Instruit des leçons de cette débâcle, Joe Biden a sans doute voulu éviter que son camp y paie de nouveau, en novembre 2020, un prix électoral trop lourd.
C’est à la fois pour des raisons de politique intérieure – flatter sa base dans un État désormais solidement arrimé au camp républicain – et étrangère – unilatéralisme agressif – que Donald Trump devrait invalider les annonces de Joe Biden. Dans le New York Times, Mauricio Claver-Carone, l’envoyé de Donald Trump pour l’Amérique latine, n’a d’ailleurs pas laissé l’ombre d’un doute sur l’attitude de la prochaine administration : « Qu’il s’agisse du Venezuela l’année dernière ou de Cuba aujourd’hui, l’administration Biden semble aimer les faux accords qui favorisent les régimes autoritaires anti-américains. »
John S. Kavulich, président du Conseil économique et commercial États-Unis – Cuba, un groupe d’entreprises, a d’ailleurs déclaré que les entreprises américaines ne modifieraient pas leur position à l’égard de Cuba, estimant que la décision serait probablement annulée dès que Marco Rubio « tendrait un stylo au président Trump ». Le nouveau secrétaire d’État, fils d’immigrés cubains arrivés aux États-Unis en 1956, fait figure de premier « faucon » sur le sujet.
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