Le Robot sauvage, un héros d’acier dans l’arène dorée des Golden Globes
L’animation rivalise désormais avec les films en prise de vue réelle. Avec quatre nominations à la 82e cérémonie Golden Globes, (meilleure musique, meilleure chanson, meilleur film d’animation, meilleure performance au box-office) dont la sélection a été annoncée lundi, Le Robot Sauvage ne conquiert pas seulement le public. Il s’impose dans une industrie longtemps frileuse à reconnaître pleinement le potentiel artistique de l’animation.
Un robot high-tech qui échoue sur une île déserte peuplée d’animaux qui lui sont inconnus. À première vue, Le Robot sauvage a tout d’une aventure animée destinée aux jeunes publics fraîchement sortie des studios Dreamworks. Projeté en juin 2024 lors du Festival international du film d’animation Annecy, puis remarqué au Festival de Toronto, il sort en salles le 27 septembre. Le film est acclamé pour sa profondeur insoupçonnée. Il propose une réflexion poignante sur les liens familiaux et le rôle des parents.
Chris Sanders franchit une étape historique avec quatre nominations - une première depuis la création de la catégorie en 2007 -, dépassant certaines des réalisations les plus spectaculaires de l’année comme Dune 2 , Wicked ou Gladiator 2. Il profite également de l’arrivée d’une nouvelle catégorie : performance au box-office. La catégorie instaurée lors de l’édition précédente des Golden Globes est réservée aux films ayant récolté au moins 150 millions de dollars (136 millions d’euros) de recettes en salles, dont 100 millions de dollars aux États-Unis, ou qui ont été massivement regardés sur les plateformes de streaming. Un jury désigne ensuite le lauréat parmi les films sélectionnés. Sans surprise, Barbie a été récompensée dans cette catégorie lors de la 81e cérémonie.
« Je ne suis pas vraiment pas surpris que Le Robot sauvage reçoive un tel accueil », témoigne Marcel Jean, délégué artistique du Festival international du film d’animation d’Annecy. « Chris Sanders affiche davantage de maîtrise, il s’est affirmé en tant qu’auteur », ajoute-t-il. Le réalisateur américain, connu pour une série de succès d’animation tels que Lilo et Stitch, Les Croods et Dragons, a exprimé « sa profonde gratitude aux membres des Golden Globes », dans un communiqué relayé par The Denver Post. « Vos quatre nominations pour notre film signifient beaucoup pour tous ceux qui ont prêté leurs précieux talents et leur temps à un film qui s’est aventuré en territoire inconnu. »
Un tournant ou une continuité ?
Le nouveau record de nominations aux Golden Globes pour un film d’animation marque-t-il un tournant ? « Pas tout à fait », tempère Marcel Jean. « La Belle et la Bête avait été le premier film d’animation à être nommé dans la catégorie du meilleur film, Le Roi Lion a reçu deux Oscars, comme Toy Story 3 », détaille-t-il. « Ce qui est nouveau, c’est qu’on sort de plus en plus Disney et Pixar de la catégorie », explique-t-il. En 2024 à Los Angeles, la 96e cérémonie des Oscars avait sacré Le Garçon et le Héron , réalisé par le maître de l’animation japonaise Hayao Miyazaki. « Aux États-Unis, c’était une surprise énorme, contrairement à la France où l’animation japonaise reçoit un très bon accueil de la part du jeune public », souligne Marcel Jean. Comme Le Robot Sauvage, l’œuvre de Hayao Miyazaki s’adresse aussi, ou surtout, aux adultes.
« L’animation n’est pas un genre mais un ensemble de technique, lance-t-il avant d’ajouter, c’est une fausse idée de penser qu’un film d’animation est destiné au jeune public. » Dans la catégorie des films d’animations aux Golden Globes, Le Robot Sauvage va jouer des coudes avec Flow , le second long-métrage de Letton Gints Zilbalodis où un chat solitaire évolue dans un monde étrangement similaire au nôtre et Vice-Versa 2 de Disney-Pixar, le film d’animation le plus rentable de l’histoire. Sauf surprise, le film de Chris Sanders « devrait aller aux Oscars », parie Marcel Jean.