Reprise du marché ou effet trompe-l'œil ? Les prix de l’immobilier à la hausse à Paris
Paris peut-il redevenir magique ? Les prix de l’immobilier, qui étaient en déclin depuis le Covid (- 15 % depuis le premier trimestre 2020), semblent avoir stoppé leur chute dans la capitale. Mieux, ils devraient légèrement remonter : en avril, la progression des prix devrait atteindre 1,1 % dans la capitale, comparée à avril 2024, selon les notaires du Grand Paris, qui publiaient leur bilan 2024 ce jeudi, et s’appuient sur les promesses de vente pour faire leurs prévisions.
Le mètre carré parisien devrait ainsi atterrir autour de 9550 euros d’ici le printemps, contre 9470 euros au quatrième trimestre. Pas de quoi parler de remontada, donc. « On s’installe sur un plateau, estime Élodie Frémont, présidente de la commission statistique de la chambre des notaires du Grand Paris. Mais l’on pense que les prix ont touché le fond. Ils ne devraient pas descendre plus bas. » Une bonne nouvelle pour les acheteurs qui ont acquis leur logement il y a moins de cinq ans et sont, du fait de la baisse des prix, en moins-value. En 2024, les prix sont restés orientés à la baisse (- 3 % au quatrième trimestre sur un an)
Le contexte a changé depuis quelques mois. La baisse des taux de crédit immobilier (passés de 4,5 % sur 20 ans fin 2023 de 3,3 % aujourd’hui) et surtout le changement de comportement des banques, qui ouvrent à nouveau les vannes du crédit, font revenir les acheteurs. « Cela repart, confirme Samuel Berrih, agent immobilier pour le réseau Keller Willams dans l’Est parisien, on n’est pas passé de 10 appels par jour à 100, mais on a davantage d’acheteurs potentiels, avec des projets solides et des dossiers de financement qui tiennent la route. »
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Certes, il était difficile de faire pire après une année 2024 marquée par des coûts de crédits encore trop élevés, et une crise politique née de la dissolution qui a figé les projets. Seulement 25 000 appartements ont été vendus dans la capitale en 2024. « Il faut revenir à l’année 2009 (un an après la crise des subprimes, NDLR) pour constater aussi peu de ventes », rappelle Olivier Clermont, notaire dans le 3e arrondissement de Paris.
Trompe-l’œil
La reprise des transactions, sensible depuis la fin de l’année, s’est confirmée dans les premiers mois de 2025. « Janvier a été un bon mois, février aussi, même si les vacances ont ralenti l’activité », poursuit Samuel Berrih. Un peu partout, la dynamique a changé. « On voit des acheteurs qui poussent de nouveau la porte de l’agence, des vendeurs qui relancent leur projet après l’avoir mis sur pause », indique Pascale Helbert, directrice d’une agence L’Adresse dans le 13e arrondissement de Paris.
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Signe des temps, les négociations, qui étaient devenues systématiques à Paris, se font désormais au cas par cas. « Les clients sont davantage prêts à mettre le prix pour des biens en bon état, bien agencés et bien situés, précise Pascale Helbert. En revanche, quand il y a des travaux à effectuer ou des défauts, il y a de toujours de fortes négociations. » D’ailleurs, pour certains agents immobiliers, la hausse actuelle des prix est un peu un trompe-l’œil. « Les logements qui se vendent le mieux sont plutôt ceux de qualité, ce qui rehausse artificiellement la moyenne des prix des biens vendus », rappelle Nathalie Naccache, à la tête de l’agence Fortis Immo dans le centre de Paris,
Seule ombre au tableau, la hausse des droits de mutation de 0,5 % (hors primo-accédants), rendue possible par la loi de finances 2025, et votée par le Conseil de Paris le 11 février, pour une application au 1er avril. Une mauvaise nouvelle pour les acheteurs, qui pourrait cependant avoir un impact mesuré. « Pour un bien de 300.000 euros, cela fait 1500 euros de plus à emprunter ou à sortir de sa poche », calcule Thierry Delesalle, notaire à Paris.