"Her Dior" : un documentaire de Loïc Prigent met en lumière l'incroyable engagement de Maria Grazia Chiuri pour l'art au féminin

C'est une histoire de passions, de rencontres et de sororité que signe Loïc Prigent avec le très détaillé documentaire Her Dior - Maria Grazia Chiuri's Collaborations with Women Artists. Archives, discussions intimes et séquences d'émotions forment l'essence de ce court film, essentiellement en anglais.

Disponible sur la chaîne YouTube de Dior depuis le 8 mars, il met en lumière l'engagement de la directrice artistique pour promouvoir et conjuguer l'art au féminin. Ce retour sur son travail, depuis son arrivée en 2016 en tant que DA, est paru quelques jours après la présentation du 4 mars de sa collection prêt-à-porter féminin de l'automne-hiver 2025-2026, alors que le bruit court depuis plusieurs mois qu'elle pourrait quitter cette maison de luxe française.

Peintres, plasticiennes, photographes, performeuses, écrivaines ont, saison après saison, accompagné et magnifié ses collections, de leur vision, de leurs valeurs et de leurs messages. Au fil d'anecdotes, elles racontent les liens qu'elles ont tissés avec la directrice artistique.

Tour à tour, Tomaso Binga, Robin Morgan, Penny Slinger, Judy Chicago, Fulvia Carnevale, Silvia Giambrone, Sharon Eyal, Eva Jospin, Anna Paparatti, Mariella Bettineschi, Mickalene Thomas, Joana Vasconcelos, Elina Chauvet, Isabella Ducrot, Suzanne Santoro, SAGG Napoli, Brigitte Niedermair et Brigitte Lacombe partagent, ici, leur expérience.

Collaboration avec Judy Chicago pour la collection haute couture printemps-été 2020. (SAHIBA CHAWDHARY)
Collaboration avec Judy Chicago pour la collection haute couture printemps-été 2020. (SAHIBA CHAWDHARY)

Le documentaire raconte, par exemple, comment l'essai We Should All Be Feminists de l'écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie inspira le T-shirt emblématique de la première collection de Maria Grazia Chiuri, symbole de son soutien indéfectible à la création féministe. Un T-shirt lancé en 2016 avant le mouvement #MeToo qui date de fin 2017. C'est ainsi qu'on apprend que ce vêtement – qui au départ n'était pas destiné à être vendu – l'a été pour une œuvre caritative, puis, après le défilé, s'est retrouvé copié et a envahi de nombreux sites internet.

C'est aussi l'occasion de découvrir l'amitié l'unissant à Karishma Swali, la directrice des ateliers Chanakya et de la Chanakya School of Craft qui retranscrivent en de monumentales broderies, les installations de nombreux défilés Dior.

Réalisation de l'installation de Toran réalisée par la Chanakya School of Craft à Mumbai en Inde. (SAHIBA CHAWDHARY)
Réalisation de l'installation de Toran réalisée par la Chanakya School of Craft à Mumbai en Inde. (SAHIBA CHAWDHARY)

"Ces collaborations ont un sens aussi, car elles donnent aux artistes les moyens de mettre en réalité ou en exécution un rêve", explique de son côté l'artiste Eva Jospin, qui souligne que Maria Grazia Chiuri agit "presque comme un commissaire d'exposition, mais dans un lieu qui n'est pas le musée". Fusion de l'art et de la mode qui s'inscrit dans le temps, plusieurs de ces réalisations ont, en effet, donné vie à des expositions. Entourée des commissaires d'exposition et des historiennes avec qui elle travaille et échange – à l'instar de Maria Alicata, Paola Ugolini, Elena Del Drago, Anne Pasternak et Rachele Regini, sa fille –, Maria Grazia Chiuri retrace, depuis Rome, sa ville natale, cette odyssée.

Cet engagement à promouvoir l'art féminin avait déjà été abordé, en 2023, par la Galerie Dior à Paris qui avait accueilli une exposition sur les collaborations entre Dior et les artistes femmes. "C'est la première fois depuis l'ouverture de la Galerie que l'on fait une rotation avec un fil rouge. Il est dédié à la collaboration entre la maison Dior et les artistes femmes" avait, alors, expliqué la commissaire d'exposition Hélène Starkman. La responsable des projets culturels de la maison Dior soulignant que, depuis son arrivée, la directrice artistique utilise la création comme une plateforme pour mettre en avant des femmes artistes : "Pour Maria Grazia, un défilé est une œuvre chorale. Depuis son premier show, elle intègre dans cette équation de pluralité des artistes femmes presque à chaque collection et de façon très diversifiée", poursuit Hélène Starkman. "Cela va être une intervention sur la scénographie, un message sur des T-shirts, une inspiration sur une collection, un geste de performance..."