Budget 2026 : visualisez l'évolution du déficit public de la France depuis 50 ans

Un grand oral avant les vacances. Lors d'une conférence de presse très attendue, mardi 15 juillet, François Bayrou va préparer les esprits à un périlleux budget 2026, qui devra comporter au moins 40 milliards d'économies, selon les déclarations du gouvernement depuis le printemps. "On va faire des économies, plus qu'on n'en a jamais fait", a-t-il prévenu sur LCI, jeudi soir. Il s'agit là pour le Premier ministre, qui a fait de la maîtrise des comptes publics un de ses totems depuis ses débuts en politique, de tenter d'infléchir le dérapage des finances publiques depuis le milieu des années 1970.

Voilà un demi-siècle que chaque année, les comptes publics français sont dans le rouge. Plus précisément, ils sont déficitaires, c'est-à-dire que les dépenses des administrations publiques au sens large (l'État, mais aussi les collectivités territoriales, les administrations de Sécurité sociale et les organismes divers d'administration centrale) sont supérieures à leurs recettes. Le dernier budget excédentaire de la France remonte à l'année 1974, quand le premier choc pétrolier de 1973 n'avait pas encore pleinement frappé l'économie tricolore.

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Les années 1980 sont celles d'une stabilisation du déficit entre 2% et 3% du PIB (produit intérieur brut), avec un bref dépassement des 3% (3,2% en 1986). Ce seuil, fixé comme une limite par les critères de Maastricht établis en 1992, est allègrement franchi l'année suivante en France, avec une récession et un chômage qui atteint 10% de la population active. Les recettes s'effondrent, les dépenses sociales flambent et le déficit public atteint 6,4% du PIB. La situation s'améliore jusqu'au tournant du millénaire, avec un déficit de 1,3% en 2000, en raison d'une baisse du chômage et d'une croissance tonique, avant de se dégrader de nouveau.

Seulement cinq années sous les 3% de déficit au XXIe siècle 

Sur les 25 années qui suivent, le déficit aura été inférieur ou égal à 3% du PIB à seulement cinq reprises (2001, 2006, 2007, 2018, 2019). En dehors de ces années, la France déroge aux critères de Maastricht, avec quelques années de grande disette budgétaire, comme en 2009 (7,4%) et 2010 (7,2%), au lendemain de la crise bancaire et financière, qui se transforme en crise des finances publiques pour de nombreuses économies du monde entier. 

Le Covid-19 vient lui aussi miner les maigres progrès budgétaires avant 2020 : cette année-là, marquée par deux confinements généralisés, le déficit public avait atteint un niveau inédit, à 8,9% du PIB, en raison des mesures d'urgence mises en place dans le cadre du "quoi qu'il en coûte". La France peine depuis à s'en remettre, avec des déficits de 6,6% en 2021, 4,7% en 2022, 5,4% en 2023 et 5,8% en 2024.

Pour l'année 2025, le gouvernement entend réduire le déficit à 5,4% du PIB et François Bayrou veut passer sous la barre des 5% en 2026, à 4,6%. L'objectif est ambitieux, mais il ne permettra évidemment pas de repasser en excédent budgétaire et, ainsi, de réduire ce que les déficits alimentent chaque année : la dette publique. Elle a atteint, à la fin du premier trimestre 2025, 114% du PIB.