Réchauffement climatique : l’Arctique émet désormais plus de CO2 qu’elle n’en adsorbe

« La toundra arctique, qui connaît un réchauffement et une augmentation des feux de forêt, émet désormais plus de carbone qu’elle n’en stocke », explique Rick Spinrad, le chef de l’Agence d’observation atmosphérique et océanique américaine (NOAA). Le rapport de cette agence démontre ce point de bascule, qui pourrait augurer une nouvelle accélération du réchauffement climatique et de ses conséquences désastreuses. En cause, la multiplication des incendies due à l’augmentation des températures. L’Arctique, région entourant le pôle Nord de la Terre, est particulièrement impactée par le réchauffement climatique.

Cercle vicieux et point de non-retour

Il s’agit en fait d’un double phénomène qui s’auto-alimente. En brûlant, les végétaux de la toundra dégagent des quantités extrêmement importantes de dioxyde de carbone (CO2). De plus, l’Arctique « joue un rôle important dans le système climatique mondial en raison des énormes réservoirs de carbone » présents dans ses sols, détaille auprès de l’Agence France-Presse Anna Virkkala, chercheuse du Woodwell Climate Research Center et co-autrice du rapport.

La toundra est constituée d’une végétation rase et du permafrost, aussi appelé pergélisol, un sol gelé qui contient le double de la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère et le triple de ce qui a été émis par les activités humaines depuis 1850. Or, ces dernières décennies, sous l’effet du réchauffement climatique, les incendies de toundra n’ont cessé d’augmenter et ont connu un record en 2023, note la NOAA. En brûlant la végétation, ces feux libèrent donc du CO2 dans l’atmosphère, mais altèrent aussi les couches isolantes du sol, accélérant le dégel à long terme du pergélisol, qui se traduit par l’émission de dioxyde de carbone et de méthane, deux des principaux gaz qui piègent la chaleur dans l’atmosphère.

Cela « aggravera les effets du changement climatique », prévient Rick Spinrad, ajoutant qu’il s’agit d’« un signe de plus, prédit par les scientifiques, des conséquences d’une réduction inadéquate de la pollution par les combustibles fossiles ». « Ce qui se passe dans l’Arctique ne se cantonne pas à l’Arctique », abonde Anna Virkkala. Le fait que la toundra relâche à présent davantage de CO2 qu’elle n’en stocke est « un signe avant-coureur alarmant », a réagi Brenda Ekwurzel, climatologue de l’ONG américaine Union of Concerned Scientists. « Une fois atteints, nombre de ces seuils d’impacts négatifs sur les écosystèmes sont irréversibles », a-t-elle prévenu.

Un « point de bascule », ou « point de non-retour », est un « seuil critique au-delà duquel un système se réorganise, souvent de manière abrupte et/ou irréversible », selon le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en 2021. En d’autres termes, il s’agit d’un cap qui, une fois franchit, ne rend possible aucun retour en arrière.

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