Mondiaux de biathlon : "Une des victoires qui m'émeut le plus"... La Française Justine Braisaz-Bouchet, reine en son royaume de Lenzerheide
"Le passé, c'est le passé, affirmait Justine Braisaz-Bouchet à la veille de l'ouverture des Mondiaux de Lenzerheide en Suisse. C'est un beau souvenir, j'y ai passé de très bons moments". Victorieuse du sprint, de la poursuite et de la mass start ici-même lors d'une étape Coupe du monde en 2023, la Française s'est fabriqué un nouveau moment de bonheur dans le canton des Grisons en remportant la médaille d'or mondiale, sur le sprint, vendredi 14 février.
Auteure d'un magnifique 9/10 au tir et d'un temps de ski canon, la biathlète des Saisies n'a pas tremblé pour décrocher sa première breloque mondiale en or sur un sprint. Pourtant, à la veille de ces Mondiaux, elle voulait avant tout se concentrer sur l'avenir, sans s'appuyer sur ce glorieux passé synonyme de pression supplémentaire. "C'était un état d'esprit très difficile à mettre en place", a-t-elle concédé après son sprint victorieux, vendredi au micro de la chaîne L'Equipe.
C'est sur cette piste, dans ce lieu que Justine Braisaz-Bouchet a réalisé un triplé XXL en 2023, qu'aucune Française n'avait réalisé depuis Sandrine Bailly en 2005 à Pokjuka (Slovénie). La biathlète de 28 ans revenait alors d'une année blanche après sa maternité, une pause bienvenue qui l'avait libérée notamment au tir.
Signe que le site de Lenzerheide lui convient, Justine Braisaz-Bouchet a chassé les démons d'un début de saison chaotique (une moyenne au tir de 75%, 74% sur le coucher et 77% sur le debout), pour régler la mire (une seule faute) et conserver la médaille d'or mondiale du sprint dans le camp tricolore, succédant à sa compatriote Julia Simon, qui l'avait emportée lors de la dernière édition. "Le score sur le pas de tir sera aussi déterminant", prévenait-elle trois jours avant cette belle performance.
Un début de saison en demi-teinte
Alors qu'elle était ambitieuse pour cette saison 2024-2025, avouant sans ambages qu'elle voulait désormais se battre pour gagner le classement général de la Coupe du monde, Justine Braisaz-Bouchet n'avait remporté que le sprint du Grand Bornand en décembre, avant de conquérir l'or.
"Forcément le début de saison est frustrant, je dois l'accepter", avouait-elle à franceinfo: sport, mardi. 9e au classement général avant ces Mondiaux, mais seulement 5e Française, la biathlète des Saisies a pu s'appuyer sur son expérience pour décrocher cette belle médaille d'or. "Ça fait presque 10 ans que je suis sur la Coupe du monde, et presque autant de championnats du monde", glissait-elle. Avec 21 podiums en coupe du monde dont 10 victoires, un titre olympique et désormais une double couronne mondiale, la licenciée des Saisies a presque tout gagné.
"C'est une des victoires qui m'émeut le plus"
Et puis Justine Braisaz-Bouchet est une femme de rendez-vous, comme elle l'avait prouvé à Pékin en 2022, en décrochant un titre olympique sur la mass start, la course qu'elle a le plus gagnée : six succès dont une médaille d'or sur les JO et une sur les Mondiaux de Nove Mesto en 2024.
"C'est toujours difficile de faire des pronostics avec Justine. On sait que le lendemain d'une 40e place, elle est capable de devenir championne du monde."
Stéphane Bouthiaux, patron des équipes de France de biathlonà franceinfo: sport
L'an dernier, après sa deuxième place sur le sprint des Mondiaux, la biathlète de 28 ans avait effectué un total reset pour transformer l'argent en or sur la mass start. En 2025, c'est son début de saison qui a servi de point de départ de sa remise à zéro. "Je suis très très émue. C'est une des victoires qui m'émeut le plus. Ces derniers jours ont été haut en couleur, même ces dernières semaines, déclarait-elle juste après la course. Jusqu'au dernier temps intermédiaire, je ne croyais pas à la victoire."
L'an dernier, aux Mondiaux de Nove Mesto, elle avait remporté trois titres, dont deux en relais, une médaille d'argent sur le sprint et une de bronze sur la poursuite. Elle peut encore battre ce record si elle est alignée jeudi sur le relais mixte simple et samedi sur le relais féminin, puisqu'elle n'a pas participé au relais mixte, champion du monde, en ouverture mercredi. Le temps lui est compté : la biathlète de 28 ans n'est pas sûre de poursuivre sa carrière après les JO de Milan Cortina en 2026.