«Je tiens à dire que je n’ai absolument rien fait à Delphine» : les derniers mots de Cédric Jubillar avant le verdict

C’est avec le même ton détaché que ces quatre semaines écoulées que Cédric Jubillar s’est adressé une dernière fois à la cour d’assises du Tarn. «Je tiens à dire que je n’ai absolument rien fait à Delphine», a prononcé l’accusé dans sa cage de verre ce vendredi matin. Ce box le coupant du reste du monde, bien qu’il soit un homme déjà résolument seul.

Ses avocats, qui ont livré de brillantes plaidoiries la veille en faveur de son acquittement, se tenaient à ses côtés, ultimes remparts face à une assemblée dont ils sont convaincus de l’hostilité. La cour s’est ensuite retirée, s’éclipsant par une porte dérobée et laissant désormais les parties, le public et la presse dans une lancinante attente.

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«Un cimetière à certitudes»

Mercredi, les avocats généraux ont requis 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de l’accusé. «Le crime parfait attendra, le crime parfait, ce n’est pas le crime sans cadavre mais celui pour lequel on n’est pas condamné, et vous allez être condamné, monsieur Jubillar», a lancé l’avocat général Pierre Aurignac. Mais dès le lendemain, les avocats de Cédric Jubillar, Mes Emmanuelle Frank et Alexandre Martin ont de nouveau marqué des points, sapant, avec brio, les arguments de l’accusation un à un.

Ce procès est-il devenu, comme le fustige la défense, «un cimetière à certitudes» ? Tout va désormais se jouer dans le secret des délibérés entre les six jurés - quatre hommes et deux femmes - et les trois magistrats professionnels - la présidente Hélène Ratinaud et les deux juges assesseurs -. «Vos voix ont autant de valeur que des magistrats professionnels. Vos voix comptent autant», a martelé jeudi la défense.

Pour que Cédric Jubillar soit déclaré coupable, il faudra qu’au moins sept personnes sur neuf inscrivent «oui» sur leur bulletin. Dans le cas inverse, il sera acquitté. En cas d’un accord sur la culpabilité, un second débat se tiendra concernant le quantum de la peine. La peine maximale encourue pour «meurtre par conjoint» est la réclusion criminelle à perpétuité. Cette fois, il faut que cinq personnes sur neuf soient en accord sur la peine.

La liberté en cas d’acquittement

En cas d’acquittement, Cédric Jubillar retrouvera automatiquement sa liberté. Et ce, malgré un appel du parquet général, qui ne sera pas suspensif. En cas de condamnation et malgré un appel, il regagnera aussitôt sa cellule de la prison de Toulouse Seysses. Il pourra, dans les jours suivant le verdict, faire une demande de remise en liberté devant la chambre de l’instruction.

La défense comme le ministère public auront 10 jours pour faire appel. Un nouveau procès devrait alors être audiencé dans un délai d’un an. Avant même que la décision ne tombe, certains envisagent déjà «l’acte 2» du procès Jubillar. Dans un sens comme dans l’autre, «il y a un vide, un manque dans ce dossier: celui du corps de Delphine Aussaguel», avait souligné l’un des avocats généraux. Entre cette absence et cet homme esseulé, deux enfants orphelins.