Au milieu du brouhaha ambiant, une jeune femme s’affaire vainement à nettoyer les marches crasseuses des escaliers, sur lesquelles dort un homme. Il faut l’éviter et ne pas glisser sur le savon, pour pouvoir arpenter les allées surpeuplées du ministère de la Culture et de la Communication, devenu, au mois de mars, un camp de déplacés pour une partie de la population de Carrefour Feuilles, un quartier populaire, tenu par différents gangs. Le bâtiment, dépourvu d’électricité, abrite 1650 personnes qui s’entassent comme des bêtes. Parmi elles, Rachel Pierre, 40 ans, et ses 7 enfants vivent, tant bien que mal, devant l’entrée, à même le sol.
Arrivée le 3 avril, la famille a quitté Cité-Soleil en novembre 2022, à la suite d’une attaque de gangs, et s’est d’abord réfugiée sur la place Hugo-Chavez, comme des centaines d’habitants du plus grand bidonville d’Haïti. Assoupie et enceinte de quatre mois, Rachel Pierre se fait agresser par trois hommes armés. Ils la battent, puis la violent à tour de…