VIDEO. Comment l’Ukraine a basculé dans une nouvelle ère du champ de bataille avec les drones

En Ukraine, le drone a fracturé les anciennes règles du front. La ligne de contact n’est plus une bande de quelques kilomètres : elle s’étire sur près de 30 kilomètres, saturée d’engins qui surveillent, traquent et frappent en continu. La Russie lance ses drones jusqu’à l’ouest du pays. L’Ukraine riposte en visant des bases sur le territoire russe. Les drones changent la profondeur du champ de bataille et imposent une menace permanente. Entretien avec Ulrike Franke, experte en politique de défense.


Quels sont les types de drones utilisés dans cette guerre entre l'Ukraine et la Russie ?
Ulrike Franke : L’Ukraine utilise entre 70 et 100 modèles différents, du micro-drone de 10 cm jusqu’au drone de 10 mètres d’envergure. La Russie comme l’Ukraine produisent des millions d’unités par an, un niveau inédit pour un conflit moderne. L’innovation est constante : pour contourner le brouillage, certains drones sont désormais reliés par câble à leur opérateur. Surveillance, attaque, munitions rodeuses, transport de mines : ces machines assurent tous les rôles imaginables et transforment chaque centimètre du front en zone potentiellement hostile. 

Le coût du drone, ça joue un rôle important. Le coût bas explique pourquoi on voit maintenant des millions de drones.

Ulrike Franke, experte en drones et politique de défense

à franceinfo


Quels sont les systèmes anti-drones ?
Ulrike Franke : Les armées utilisent des systèmes cinétiques qui tirent sur les drones et qui les abattent. Ces tirs restent efficaces mais ils coûtent cher et ils génèrent des débris au sol. Des drones intercepteurs qui explosent ou qui projettent un filet sur la cible sont également utilisés. Les militaires emploient aussi des systèmes électroniques qui brouillent le signal ou qui trompent la navigation. Les laboratoires développent, eux, des lasers, des micro-ondes et du piratage pour neutraliser les drones à moindre coût.

Comment l’Europe réagit-elle pour se protéger des drones ?
Ulrike Franke : L’Europe manque de drones, de systèmes anti-drones et de formations. Les incursions de drones russes au-dessus d’infrastructures civiles montrent la vulnérabilité du continent. L’Otan a compris l’enjeu mais reste paralysée par les tensions transatlantiques. L’Union européenne, elle, accélère : achats groupés, initiative anti-drone, financements communs pour la frontière orientale. L’objectif est clair : éviter un patchwork de solutions par pays, impossible à coordonner, et bâtir une défense cohérente avant que les frontières ne deviennent des zones grises, ouvertes aux survols hostiles.