Survol de drones : l'Europe va-t-elle se doter d'un "mur anti-drones" comme en Ukraine ?

L'Europe scrute son ciel : un nouvel aéroport danois a dû fermer dans la nuit de jeudi à vendredi 26 septembre à la suite d'une deuxième alerte aux drones en deux nuits, Copenhague disant faire l'objet d'une "attaque hybride" d'origine inconnue depuis le début de la semaine. Les autorités danoises n'ont à cette heure pas identifié l'origine de ces appareils. Mais "il existe principalement un pays qui représente une menace pour la sécurité de l'Europe, à savoir la Russie", a affirmé la Première ministre Mette Frederiksen. Moscou a "fermement" démenti être impliqué dans ces survols, son ambassade à Copenhague dénonçant une "provocation orchestrée".

Les pays de l'UE doivent précisément discuter vendredi 26 septembre par visioconférence d'une proposition de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen d'établir un "mur" de défense anti-drones. Cette nouvelle défense doit notamment être établie sur le flanc est de l'Europe. La présidente de l'UE l'avait appelée de ses vœux, lors de son discours sur l'Etat de l'Union, le 10 septembre dernier, au lendemain de l'incursion d'une vingtaine de drones russes sur la Pologne. En plus des sept pays les plus orientaux de l'UE - de la Finlande au nord à la Bulgarie au sud -, l'Ukraine est également invitée à cette conférence.

Un "mur électronique"

Le pays a en effet déjà développé des outils de guerre électronique assez efficaces pour contrer les drones russes. Kiev s'apprête d'ailleurs à mettre en œuvre un véritable "mur anti-drone" sur les 1 300 km de la ligne de front. Il devrait être complètement opérationnel d'ici la fin de l'année 2025.

Concrètement, il s'agit d'un "mur électronique" : un réseau de 8 500 détecteurs de drones couplé à un centre de commandement intégré avertissant automatiquement toutes les unités concernées et déclenchant au besoin, et automatiquement également, des moyens de brouillage n'importe où sur la ligne de front. Ce système baptisé Atlas n'est pas le premier du genre...

En matière de guerre électronique, l'Ukraine a en effet largement rattrapé le retard qu'elle avait sur la Russie. Dès 2023 les Ukrainiens avaient dispersé partout sur leur territoire des engins "usurpateurs" (du "spoofing"), capables de pirater les commandes de vol d'un drone ou même d'un missile et de re-router ces engins loin de leur objectif. Ce système de guerre électronique baptisé Pokrova, ainsi que les défenses anti-drones plus classique - canons ou mitrailleuses antiaériens - ou encore les drones chasseurs de drones, sont aujourd'hui capables de venir à bout de 80 à 90% des centaines d'engins autonomes d'attaque longue distance envoyés par la Russie pratiquement chaque nuit.

Quant au réseau Atlas, il devrait, lui, pouvoir neutraliser les drones d'attaque courte portée utilisés sur les lignes de front. Les pays de l'Union pourraient parfaitement acquérir ces systèmes et d'autres du même type : ils sont efficaces et pourraient bien constituer les premières exportations de matériels de guerre ukrainiens à destination de l'Europe.