Bolivie : l’actuel président Luis Arce renonce à un second mandat et se retire de l’élection

Nouveau coup de tonnerre dans le paysage politique bolivien. Après l’annonce il y a deux semaines d’une troisième candidature dans le camp de la gauche pour concourir à l’élection présidentielle du 17 août – avec l’entrée dans la course du jeune président du Sénat et leader syndical Andrónico Rodríguez – voilà que le président Luis Arce renonce maintenant à tenter de briguer un second mandat.

« J’annonce au peuple bolivien, avec une fermeté absolue, ma décision de renoncer à ma candidature », a déclaré ce mardi le chef d’État élu en 2020, dans un message diffusé sur la chaîne officielle Bolivia TV, ajoutant chercher à obtenir « l’union la plus large de la gauche, des organisations sociales et du peuple en général autour d’un programme pour aller de l’avant, en resserrant les rangs autour du candidat qui a le plus de chances de vaincre les pilleurs de la Bolivie ».

Un entêtement à vouloir rester au pouvoir ?

L’ancien ministre de l’Économie du président Evo Morales (de 2006 à 2017, puis 9 mois en 2019, jusqu’au coup d’État mettant fin au gouvernement socialiste) avait pourtant été choisi il y a quelques semaines comme candidat par son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS). Cependant, la grave crise économique – sur fond de pénuries et de manifestations – qui a marqué son mandat et réduit pratiquement à néant ses chances de se faire réélire l’aura sûrement fait entendre raison.

Sans parler de la guerre fratricide qui l’opposait à son ex-mentor, un Evo Morales décidé coûte que coûte à retenter l’aventure présidentielle malgré les fortes critiques provenant de son propre camp (instauration d’un modèle bâti autour de sa personne, entêtement à vouloir rester au pouvoir…) et les obstacles juridiques empêchant sa candidature (poursuites judiciaires, inéligibilité confirmée par la Cour constitutionnelle)… Au risque d’entraîner le pays dans une spirale de violence, voire de favoriser le retour de la droite au pouvoir.

« J’ai pris la décision de continuer à me battre aux côtés des gens sans qu’importe la position depuis laquelle je devrai le faire », a insisté le président Arce, précisant qu’il ne « serai[t] pas un facteur de division ». Une décision qui « l’ennoblit », selon l’universitaire engagé Tomas Humberto Rodriguez, lequel souhaiterait maintenant voir Evo Morales faire preuve d’« un peu plus de détachement » en laissant le champ libre à Andrónico Rodríguez, pour le bien de l’unité du bloc progressiste et « pour empêcher la droite fascistoïde d’arriver au pouvoir ».

Au sein de la gauche, la guerre fratricide va continuer

De son côté, le président du Sénat, qui était considéré jusqu’à récemment comme l’un des plus proches alliés de l’ex-président Morales, a réagi sur X en assurant vouloir lancer « un appel sincère à l’unité du bloc national populaire, en faisant appel principalement (aux) organisations et secteurs sociaux, plutôt qu’à une direction politique qui a perdu le lien avec la base ». Avec Arce hors course, ne reste plus que Morales dans le viseur du jeune dirigeant.

« Une nouvelle fois, nous appelons les frères et sœurs qui se sont éloignés à revenir dans la famille, dans le berceau de la vraie révolution, pour que, ensemble et unis, nous puissions triompher dans les urnes et reconstruire la patrie détruite », semblait lui répondre l’ex-président, à peine demi-heure plus tard, sur le même réseau social. Et d’ajouter : « seul le peuple peut me demander de décliner la candidature », en précisant qu’il ne faudrait voir dans la persévérance du camarade Evo aucunes « ambitions personnelles ».

L’objectif resterait toujours, selon lui, de « sauver de nouveau la Bolivie ». Difficile à croire de la part de celui qui, depuis des mois, aura tout tenté pour mettre des bâtons dans les roues du président Arce, quitte à mener des actions de sabordage économique estimées à plus de deux milliards de dollars par le ministère du Développement productif. Jusqu’à parvenir à ses fins.

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