Guerre commerciale : les marchés asiatiques hésitent entre optimisme et prudence

Les Bourses en Asie étaient tiraillées jeudi 24 avril entre un optimisme modéré et une prudence persistante, après que l'administration Trump a esquissé une issue à sa guerre commerciale avec Pékin - et assuré qu'il n'avait pas de «cible» sur la devise japonaise. À la Bourse de Tokyo vers 02h30 GMT, l'indice vedette Nikkei grimpait de 1,07% à 35.244 points et l'indice élargi Topix de 1,01% à 2.610 points. La Bourse de Sydney progressait de 0,61%.

Mais à l'inverse, Séoul perdait 0,52% après l'annonce d'une contraction inattendue de la croissance sud-coréenne au 1er trimestre 2025, minée par l'impact des tensions commerciale sur les exportations du pays. Et les places chinoises étaient divisées : l'indice hongkongais Hang Seng cédait 0,37%, quand l'indice composite de Shanghai grimpait de 0,39% et celui de Shenzhen de 0,16%.

Trump souffle le chaud

Les investisseurs digéraient le ton plus conciliant des États-Unis : le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial «équitable» avec la Chine. Et son ministre des Finances Scott Bessent a aussi considéré que les surtaxes mises en place des deux côtés devraient baisser comme préalable à toute discussion, jugeant «une désescalade possible» de part et d'autre.

«Ces commentaires créent un climat propice à la reprise des achats d'actifs jugés risqués» comme les Bourses, qui avaient pâti d'un désengagement des investisseurs face à l'intensification de la guerre douanière, souligne Kathleen Brooks, du cabinet XTB. Mais «pour éviter l'assombrissement des perspectives de croissance mondiale, un accord doit être trouvé rapidement (...) maintenant que (M. Trump) semble revoir à la baisse ses projets douaniers, le marché est porté par une vague d'optimisme», note-t-elle.

«Il semble y avoir un niveau d'instabilité sur les marchés financiers que l'administration Trump n'est pas prête à tolérer», abonde Lloyd Chan, de la banque MUFG. Pour autant, des propos de Scott Bessent rapportés par la presse selon lesquels un rééquilibrage sino-américain «pourrait prendre deux à trois ans» et le fait que Donald Trump «n'a proposé unilatéralement aucune réduction des droits sur la Chine» contribuent «quelque peu à freiner l'optimisme des marchés», avertit-il.

Le yen grimpe, digérant les assurances de Bessent

Vers 02h30 GMT, la monnaie japonaise montait de 0,6% à 142,63 yens pour un dollar. Il avait fortement rechuté la veille après avoir atteint mardi la barre des 140 yens, son plus haut niveau depuis mi-septembre. Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a déclaré mercredi que Washington n'avait «aucun objectif sur le taux de convertibilité» du yen face au billet vert dans le cadre des négociations commerciales entre les deux pays. Donald Trump a réclamé à de multiples reprises un yen plus fort, jugeant que l'affaiblissement de la monnaie nippone favorise indûment les exportations de l'archipel et plombe a contrario les ventes de produits américains au Japon.

«L'annonce par M. Bessent que les États-Unis ne cibleraient pas la politique monétaire du Japon a constitué un changement discret mais significatif», pour «un marché hypersensible aux discours ambivalents», souligne Stephen Innes, de SPI Asset Management. Cela offre «une soupape de sécurité pour les exportateurs japonais et la Banque du Japon», insiste-t-il.

Nintendo s'envole

Nintendo s'envolait de 5,4% jeudi à la mi-journée à la Bourse de Tokyo. Le géant du jeu vidéo a affirmé que 2,2 millions de demandes de précommandes de sa très attendue console Switch 2, dont la sortie mondiale est prévue le 5 juin, ont été enregistrées au Japon, une demande plus forte que prévu.

Stabilisation du pétrole

Les cours du pétrole restaient sous pression jeudi, plombés par des informations de presse selon lesquelles plusieurs membres de l'Opep+ ont suggéré d'augmenter davantage que prévu leur production de pétrole en juin. Et ce, alors que l'assombrissement des perspectives économiques mondiales exacerbe les inquiétudes sur la solidité de la demande énergétique. Vers 02h30 GMT, le baril de WTI américain (+0,02% à 62,28 dollars) tout comme celui de Brent de la mer du Nord (+0,06% à 66,16 dollars) évoluaient quasi inchangés autour de l'équilibre.