Rentrée sociale : "Nous demandons la censure de ce budget qui est un véritable musée des horreurs", réclame Sophie Binet

Invitée des "4 Vérités" sur France 2, Sophie Binet, la secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT) est revenue sur le vote de confiance à François Bayrou et sur la journée du 10 septembre notamment. Elle évoque aussi le budget 2026, les objectifs de la CGTpour la rentrée sociale de 2025.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Gilles Bornstein : Selon une information du journal l’Humanité, le 4 septembre prochain, le gouvernement s'apprêterait à doubler les franchises médicales sans attendre le Projet de loi de financement de la sécurité sociale, PLFSS. Et ça, le 4 septembre, avec une réunion de la Caisse nationale de l'assurance maladie. Est-ce que vous confirmez ?


Sophie Binet : Oui, tout à fait. C'est extrêmement choquant. Nous avons découvert cet été que le gouvernement voulait réunir le Conseil d'administration de la Caisse nationale d'assurance maladie pour faire valider par décret ce qu'il prévoit de faire passer dans son budget, à savoir le doublement des franchises médicales, le doublement des frais médicaux pour chacune et chacun. Ça peut représenter des centaines d'euros car le plafond serait doublé, ça pourrait atteindre 100 euros et donc pour un foyer, ça peut être des centaines d'euros. Donc c'est un vrai problème que la démocratie sociale et la démocratie politique soient ainsi contournées. J'appelle solennellement le Premier ministre à renoncer à ce décret. On ne peut pas, en même temps, dire « je me soumets à un vote de confiance » et dans l'autre avancer à marche forcée et vouloir passer en force les mesures de son budget discrètement, en catimini, par décret.


Gilles Bornstein : Le 8 septembre, est-ce que le budget que François Bayrou voulait présenter aux Français vous incite à demander aux députés de le remercier ? Ou est-ce que ce n'est pas votre problème ?


Sophie Binet : Nous, ce que nous demandons, c'est la censure de ce budget qui est un véritable musée des horreurs. Le problème, c'est que François Bayrou a lié son destin à celui de son budget. Il aurait pu avoir une autre attitude et ouvrir à des modifications de son budget. C'est son choix, malheureusement. Il a fait le choix de faire diversion et de mettre les choses sur le terrain de la politique politicienne au lieu de rester sur le fond de son budget. Nous, ce qui nous guide comme organisation syndicale, c'est la défense des travailleuses et des travailleurs qui, si ce budget était adopté, seraient dans une situation catastrophique. Donc il faut que ce budget soit censuré et nous voulons un autre qui mette enfin la justice sociale à l'ordre du jour.


Gilles Bornstein : Un autre budget et un autre gouvernement. Si François Bayrou tombe, ce qui est le plus probable, est-ce que vous appelez un gouvernement de gauche ?


Sophie Binet : Nous appelons à un gouvernement qui réponde enfin aux exigences sociales, un gouvernement qui finance nos services publics. On est aujourd'hui au lendemain de la rentrée scolaire et des milliers de parents, des milliers d'enfants ont découvert qu'ils n'avaient pas d'enseignants et d'enseignantes. Ce n'est pas possible. Au lieu de répondre à ça, le gouvernement, dans son projet de budget, prévoit de supprimer 3000 postes d'enseignants supplémentaires. On a besoin d'avoir des réponses pour le financement de nos services publics, notre école, nos hôpitaux. On a besoin d'avoir un budget qui mette enfin à l'ordre du jour la justice fiscale. On a besoin d'avoir un budget qui prévoit enfin l'abrogation de la réforme des retraites.


Gilles Bornstein : On va passer au 10 septembre, vous demandez deux jours après la CGT demande à tous les fonctionnaires de l'État, des collectivités locales, des hôpitaux, de se mettre en grève. Sur quel mot d'ordre pour obtenir quoi ? Quel est l'objectif de ce 10 septembre ?


Sophie Binet : L'objectif, c'est ce budget, c'est d'empêcher que ce budget ne passe en force et d'imposer une autre copie au gouvernement. Depuis le début, c'est que le souci, ça n'est pas tant le gouvernement mais le budget. Un budget pour 2026, il en faudra. Donc que le gouvernement Bayrou tombe ou pas, ce que nous voulons dire par nos mobilisations, c'est qu'il faut un tout autre budget. Donc d'abord enterrer celui-là et en construire un autre.