Climatisation dans l’Hémicycle, fournaise partout ailleurs dans l’enceinte du Palais Bourbon. Cette semaine, à l’Assemblée nationale, la canicule s’est invitée à la fois dans les salles et dans les débats. « La seule surprise avec cette chaleur, c’est qu’elle vous surprenne encore ! » a ainsi lancé le député écologiste Nicolas Bonnet, mardi, lors d’une séance de questions au gouvernement largement consacrée à la meilleure façon de faire face aux vagues caniculaires, appelées à se répéter toujours plus avec le réchauffement climatique.
Alors qu’un ouvrier de 35 ans est décédé lundi juste après s’être plaint de la chaleur sur un chantier du Doubs, qu’un logement sur trois est une bouilloire thermique, que des maires sont contraints de fermer des écoles, ou encore que des centrales nucléaires sont arrêtées car les eaux des rivières ne permettent plus de les refroidir, les députés de gauche ont d’une même voix appelé à « une adaptation structurelle et transformationnelle face aux canicules ».
Pour la ministre de l’environnement tout va bien
Estimant que la Macronie, depuis 2017, « a fait l’inverse de ce qu’il aurait fallu faire », la députée LFI Clémence Guetté a présenté cinq propositions de loi d’urgence pour l’été 2025. Les textes en question visent notamment à « protéger les travailleurs de l’exposition aux températures extrêmes », à « garantir l’accès aux loisirs et à la fraîcheur pendant les épisodes caniculaires » ou à « donner aux parents d’élèves la possibilité de garder leurs enfants en cas d’événement climatique extrême et de fermeture de l’établissement scolaire de leur enfant sans perdre aucune journée de salaire ».
Invité à organiser l’examen de ces textes dans l’Hémicycle, l’exécutif a botté en touche, assurant par la voix de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, que l’action gouvernementale ne saurait être meilleure qu’elle ne l’est déjà, aussi bien pour le court que le long terme.
La gauche lui a opposé que la Macronie n’a pas tenu ses objectifs de lutte contre le réchauffement, qu’elle a diminué les budgets, qu’elle s’est réveillée au dernier moment devant la vague de chaleur, et qu’elle enlise depuis des années la rénovation thermique des logements. « Nous devrions atteindre au moins 600 000 rénovations performantes par an, nous en sommes à 66 000. Les retards sont considérables », s’indigne Édouard Bénard.
Le député PCF, qui mesure que 75 % des 400 millions de mètres carrés devant faire l’objet de rénovations sont détenus par les collectivités, considère comme impératif que « l’État leur vienne en soutien, et garantisse à chaque foyer, sur l’ensemble du territoire, un soutien public massif permettant la rénovation thermique performante des logements ». Sur Paris, le candidat PCF aux municipales de 2026, Ian Brossat, propose de plus un « plan volets », qu’il chiffre à 5 millions d’euros, afin que l’ensemble des logements soient équipés en volets, qui permettent de gagner de précieux degrés.
Pour le RN, la climatisation comme seule solution
Le débat pour lutter contre les canicules a ensuite rebondi suite à une proposition du RN. Car, plutôt que de réfléchir sérieusement à la question, l’extrême droite s’est de nouveau livrée à la présentation de solutions simplistes, Marine Le Pen proposant un « grand plan d’équipement pour la climatisation » qu’elle entend lancer dès son « arrivée au pouvoir ».
Or, si la climatisation peut être utile dans certaines situations, sa généralisation coûte en énergie et revient de plus à aggraver la chaleur en ville… « Il faut être attentif à ce que j’appelle la mal-adaptation, qui retarde les risques et augmente les dommages. C’est par exemple le cas lors de fortes chaleurs lorsqu’on allume la clim pour pouvoir dormir. À l’échelle individuelle, c’est de l’adaptation mais, en réalité, cela augmente la consommation électrique et rejette l’air chaud dehors, accentuant le phénomène d’îlots de chaleur urbain », confiait déjà à l’Humanité, en 2023, Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue membre du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
« Répondre au réchauffement climatique par l’achat de climatiseurs est typique du populisme climatosceptique à la Trump alors que le RN milite ouvertement par ailleurs pour que nous renoncions à toute ambition en matière de rénovation énergétique », fustige Édouard Bénard, quand l’écologiste Léa Balage El Mariky juge la proposition du RN « indigente », avant de rappeler que « Marine Le Pen et ses amis ne se sont jamais opposés à la suppression des crédits du Fonds vert ».
« Il ne faut pas vivre dans l’idée que mettre la clim partout règle le problème. Cela ne peut pas être l’alibi de l’inaction où on ne change rien », ajoute, pour sa part, Sylvain Waserman, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
La Terre de nos batailles
La justice climatique, c’est notre bataille. Celle qui relie luttes environnementales et sociales pour contrer un système capitaliste faisant ventre de tout. Du vivant, de la planète, de notre humanité.
Il n’y a pas de fatalité.
- Nous démasquons les manipulations des lobbies.
- Nous battons en brèche les dénis climatiques mortifères.
- Nous mettons en valeur les initiatives visant à réduire les inégalités environnementales et les fractures sociales.
Soutenez-nous.
Je veux en savoir plus