Sexisme au travail et dans la vie privée : 66 % des femmes déclarent en avoir déjà subi
Alors que l’ancien gouvernement de Michel Barnier a écarté à la fin du mois de novembre une « loi-cadre intégrale » contre les violences faites aux femmes, un nouveau sondage vient mettre en exergue à quel point la question du sexisme sape au quotidien la vie des femmes, dont les premières victimes sont celles qui cumulent les dominations.
Ce sondage OpinionWay pour Elle Active, en partenariat avec franceinfo, publié ce mercredi 11 décembre, est intitulé « 2025 : l’année pour enfin se libérer des injonctions sociales et déculpabiliser ? ». Il a été réalisé en ligne du 6 au 8 novembre sur un échantillon de 1 003 femmes représentatives de la population des femmes françaises âgées de 18 ans et plus.
Que ce soit dans le domaine professionnel ou bien personnel, des chiffres édifiants en ressortent. Ainsi, 66 % des femmes déclarent avoir déjà subi du sexisme au travail, et dans leur vie privée, huit femmes sur dix (83 %) disent se sentir plus responsables que les hommes de leur entourage sur la charge mentale.
Un sexisme internalisé
Ainsi, dans le cadre professionnel, 45 % des femmes interrogées assurent ne pas être prises au sérieux dans leur environnement professionnel. En outre, neuf femmes sur dix (89 %) s’auto-déprécient régulièrement dans leur cadre professionnel. 46 % estiment qu’elles devraient en faire plus, et un tiers (32 %) qu’elles ne connaissent pas assez leurs dossiers. Plus effrayant encore : une femme sur cinq (21 %) a intégré le fait qu’un homme ferait mieux qu’elle.
Et beaucoup (83 %) assurent ne pas oser demander une augmentation, 82 % n’osent pas dire « non » quand on leur demande une tâche supplémentaire et 59 % n’osent pas faire part de leurs idées. L’intériorisation des normes sexistes n’est pas négligeable. Ainsi, les femmes interrogées se reprochent des traits de caractère souvent associés aux femmes et dévalorisés, comme le fait d’être trop gentilles (68 %), ou trop émotives (60 %).
À la croisée de la vie professionnelle et de la vie familiale, des données éclairent le sentiment de culpabilité qu’éprouvent de nombreuses femmes. Ainsi, 55 % des femmes culpabilisent quand elles rentrent tard du travail. Cette proportion monte à 70 % pour les femmes en couples avec des enfants.
71 % des femmes ressentent la charge mentale
Sur le plan familial, des données hautement significatives en ressortent. Ainsi, des questions très concrètes ont été posées. Résultat : 71 % des femmes indiquent que cette charge mentale est présente en famille quand il s’agit de prendre un rendez-vous médical pour leurs enfants. Le cas est similaire quand le réfrigérateur est vide (63 %), quand il faut débarrasser la table du dîner (57 %) ou pour réserver des vacances (50 %), selon cette enquête.
Pour autant, sur le plan intime, plus de huit sur dix (84 %) considèrent qu’elles peuvent décider de leur sexualité, voire de leur contraception (89 %), et neuf sur dix (89 %) disent pouvoir décider de vivre en couple ou non, et d’avoir ou non des enfants (84 %). Cependant, pour près d’un quart des femmes, ce type de choix fondamentaux se font avec un sentiment important d’être critiqués ou jugés.
Et les conséquences de la vague MeToo sont également à noter. 67 % des femmes se sentent davantage capables d’exprimer leurs envies et préférences, notamment en ce qui concerne le fait de refuser une relation sexuelle si elles n’ont pas envie (45 %).
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