Les deux tiers des femmes ont déjà subi du sexisme au travail et neuf sur dix s'auto-déprécient, selon un sondage
Les deux tiers des femmes françaises ont déjà subi du sexisme au travail et neuf sur dix s'auto-déprécient. C'est ce qui ressort d'un sondage OpinionWay pour Elle Active, en partenariat avec franceinfo, publié mercredi 11 décembre. Cette enquête scrute le rapport des femmes aux injonctions sociales, que ce soit en société, au travail ou dans la vie familiale.
Selon ce sondage, 66% des femmes déclarent ainsi avoir déjà subi du sexisme au travail, 45% assurent ne pas être prises au sérieux dans leur environnement professionnel. L'enquête constate également que neuf femmes sur dix (89%) s’auto-déprécient régulièrement dans leur cadre professionnel. Elles ressentent ainsi le syndrome de l’imposteur. 46% estiment qu’elles devraient en faire plus, et un tiers (32%) qu’elles ne connaissent pas assez leurs dossiers. Une femme sur cinq (21%) a intégré le fait qu’un homme ferait mieux qu’elle.
Les femmes interrogées se reprochent notamment des traits de caractère plus souvent associés aux femmes, comme le fait d'être trop gentilles (68%), ou trop émotives (60%). Conséquence : elles sont nombreuses à ne pas toujours oser au travail. Elles sont 83% à ne pas oser demander une augmentation, 82% n'osent pas dire "non" quand on leur demande une tâche supplémentaire et 59% n'osent pas faire part de leurs idées.
Charge mentale et culpabilité
En parallèle, dans leur vie privée, huit femmes sur dix (83%) disent se sentir plus responsables que les hommes de leur entourage sur au moins un aspect : la charge mentale. Selon cette enquête, cette charge mentale est présente en famille quand il s’agit de prendre un rendez-vous médical pour leur mère ou leurs enfants (71%) mais aussi quand le réfrigérateur est vide (63%), quand il faut débarrasser la table du dîner (57%) ou pour réserver des vacances (50%). Le sentiment de culpabilité est aussi présent dans la vie de couple ou en famille. 55% des femmes culpabilisent quand elles rentrent tard du travail. Cette proportion monte à 70% pour les femmes en couples avec des enfants.
Si elles culpabilisent d’essayer de concilier avec succès vie professionnelle et vie familiale, les femmes interrogées dans ce sondage se sentent plus en mesure de faire leurs propres choix en matière de vie intime. Elles sont ainsi plus de huit sur dix (84%) à considérer qu’elles peuvent décider de leur sexualité, voire de leur contraception (89%). Neuf sur dix (89%) disent pouvoir décider de vivre en couple ou non, et d'avoir ou non des enfants (84%). Mais pour près d’un quart, systématiquement, ces choix ne se font pas sans avoir le sentiment d’être critiqués ou jugés.
Un rapport au corps ambivalent
L'enquête note encore qu'avec la vague MeToo, 67% des femmes se sentent davantage capables d’exprimer leurs envies et préférences, notamment en ce qui concerne le fait de refuser une relation sexuelle si elles n’ont pas envie (45%) ou de penser à leur propre plaisir sexuel (41%). Leur rapport au corps reste aussi ambivalent, selon le sondage. 48% ne s’autorisent pas toujours à s’habiller comme elles le souhaitent pour sortir dans la rue, ou encore pour aller au bureau.
Plus généralement, en société, une grande majorité des femmes interrogées (75%) s’estiment libres d’exprimer leurs opinions de manière générale. Mais elles ne sont que 25% à s’en sentir "tout à fait" libres. Selon cette enquête, 45% des femmes ne se sentent pas complètement libres de faire les choix qu’elles veulent en tant que femmes. 30% ne se sentent par exemple pas libres de disposer de leur argent comme elles l’entendent.
Méthodologie :
Ce sondage OpinionWay pour Elle Active, en partenariat avec franceinfo, intitulé "2025 : l’année pour enfin se libérer des injonctions sociales et déculpabiliser ?", a été réalisé en ligne du 6 au 8 novembre sur un échantillon de 1 003 femmes représentatif de la population des femmes françaises âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.