Football : pour Luis Fernandez, « le PSG a gagné un capital sympathie qu’il n’avait pas »

C’est au Paris Saint-Germain qu’il a démarré sa carrière professionnelle et connu ses premières sélections en équipe de France, dès 1982. De 1978 à 1986, il sera le chouchou du Parc des Princes et du Kop de Boulogne. Milieu défensif bagarreur, il savait mettre le pied quand il le fallait. Sur le banc du PSG, il devient en 1996, le premier entraîneur français victorieux d’une Coupe d’Europe avec un club français. Alors que son club de cœur va jouer samedi la finale de la Champions League à Munich face à l’Inter de Milan (match diffusé à 21 heures sur M6), il revient sur les chances du club parisien de remporter la coupe aux grandes oreilles.

En tant qu’entraîneur, auriez-vous aimé diriger le PSG d’aujourd’hui ?

Oui, j’aurais adoré entraîner cette équipe. Elle coche toutes les cases. Elle fait plaisir à regarder sur le terrain. Elle a un état d’esprit formidable. Tout le monde joue pour tout le monde, chacun est solidaire des autres et fait les efforts. Ils attaquent ensemble et défendent ensemble. On voit qu’ils adhèrent tous au projet proposé par le coach, Luis Enrique. Cela doit être un sacré plaisir pour lui de les regarder évoluer sur le terrain. En tant qu’entraîneur, j’ai eu moi-même la chance d’avoir des joueurs dans ce registre à Bilbao ensuite.

En quoi cette équipe du PSG est-elle différente de celle que vous avez amenée jusqu’à la victoire en Coupe des vainqueurs de coupe, en 1996 face au Rapid Vienne (1-0) ?

Il faut bien dire qu’au niveau des moyens financiers, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde que le PSG de maintenant. À l’époque, je ne pouvais pas attirer un Roberto Carlos, un Christian Karembeu, un Samuel Eto’o, un David Trezeguet ou un Laurent Blanc. Aujourd’hui, le PSG a une surface financière qui lui permet d’aller chercher les joueurs qui vont lui permettre d’aller au bout. Et puis Luis Enrique a un staff de très grosse qualité. C’est très important.

Mais à l’époque vous n’aviez tout de même pas une équipe de manchots : Rai, Bravo, Valdés, Djorkaeff, Loko, Anelka… ?

Oui, Daniel Bravo, quand il est arrivé à Paris, je l’ai fait reculer d’un rang pour le mettre milieu de terrain défensif (Une réussite ! – NDLR). Rai, qui n’avait rien prouvé, la direction voulait l’éjecter et j’ai insisté pour qu’il reste. On l’a remis en selle et nous lui avons apporté le soutien dont il avait besoin. La suite, on la connaît.

Quels sont les conseils que vous donneriez aux joueurs pour aborder cette finale samedi à Munich ?

Ils n’ont pas la même problématique que nous à l’époque. Notre finale de Coupe des coupes s’intercalait entre les 36e et 37e journées et cela nous permettait de penser à autre chose. Ce qui peut être bizarre, c’est qu’on était dans une meilleure dynamique en C2 qu’en championnat. On avait confiance. Quant à l’équipe d’aujourd’hui, je pense qu’elle ne doit rien changer à sa préparation. Tout passera par le dialogue. Il faut garder l’état d’esprit et la même volonté affichée. Il faut que les joueurs restent dans cette idée que le collectif prime sur le reste et ne pas paniquer à la moindre perte de balle parce que c’est une finale. Et enfin, ne pas avoir les pieds qui brûlent quand il faut accélérer.

Le départ de Kylian Mbappé pour le Real n’a-t-il pas été le détonateur de cette métamorphose ?

On ne peut pas lui reprocher d’être parti. Quoi qu’il en soit, les Barcola, Doué ou encore Dembelé, l’ont très bien remplacé. Enrique a su les repositionner pour le plus grand bien de son collectif.

L’Inter a toutes les caractéristiques du football italien. Quelles seront les erreurs à ne pas commettre face à l’équipe dirigée par Simone Inzaghi ?

Ce qui me paraît très important face à une telle formation est d’éviter de faire des fautes dans les 20 derniers mètres. Il faudra éviter les coups de pied arrêtés et les corners. S’il y a un reproche à faire à cette équipe parisienne, c’est la difficulté qu’elle a à défendre sur ces phases de jeu. Les Italiens sont très forts dans ce domaine. On l’a vu en championnat, et même contre Barcelone.

Pour vous, est-ce que ce PSG a enfin gagné le cœur des Français ?

Grâce au parcours de ses joueurs et au jeu proposé, je pense que le PSG a un capital sympathie qu’il n’avait pas jusque-là. Ils doivent donc se mettre en tête que gagner cette Ligue des champions peut les faire basculer dans une autre dimension. Pas seulement pour le palmarès. Trente ans après notre succès, on me parle encore de cette victoire en Coupe des coupes. À eux d’entrer définitivement dans l’histoire et dans la tête des fans de foot.

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