Syrie : pourquoi la coalition qui a pris le pouvoir à Damas est-elle désormais la cible de l'Etat islamique ?

L'attentat à l'engin explosif s'est produit dans la province de Sweida, une région où commence la Badyia, l'immense désert syrien de 520 000 kilomètres carrés qui s’étend jusqu’à l'Irak. C'est là que s'activent les dernières cellules de Daech depuis la chute du Califat autoproclamé en 2019. Car cette défaite territoriale n'a jamais signé la fin de l'organisation terroriste : depuis six ans, les jihadistes sont seulement retournés dans la clandestinité.

Le groupe recrute toujours et compterait aujourd’hui environ 2 500 combattants. Pas une semaine ne passe sans qu'il ne revendique des attaques contre les forces kurdes dans le nord-est du pays. Mais aussi contre des civils : plus de 700 personnes ont été tuées lors de ces offensives, rien que l’année dernière. Pour se financer, Daech rackette les bergers du désert, les commerçants, mais aussi les convois pétroliers comme au temps du Califat.

L'Etat islamique dans le viseur du nouveau gouvernement syrien

Depuis la chute de Bachar al-Assad, le nouveau gouvernement syrien déclare faire de la lutte contre Daech une priorité. Le président Ahmad al-Cheraa assure même avoir arrêté quelques jihadistes à travers le pays. Mais en réalité, son armée ne parvient pas à stabiliser la Syrie. Problème qu'elle rencontre jusque dans ses rangs où des dizaines de petits groupes très radicaux restent incontrôlables.

L'objectif de l'actuel président, ex-membre d'Al-Qaïda, est de montrer à l'Occident qu'il s'est éloigné de toute idéologie fondamentaliste. Cette position ne fait pas l'unanimité chez ses anciens frères d’armes. Cela pourrait pousser les plus extrémistes d'entre eux à se regrouper à nouveau sous la bannière d’un groupe terroriste comme Daech.

Le nouveau gouvernement doit également se positionner sur la question des camps et des prisons où des jihadistes du monde entier sont enfermés avec leurs enfants. 40 000 personnes qui vivent, pour beaucoup, toujours selon les préceptes de Daech et cherchent à s'évader. Parmi eux, on compte environ 200 Français : des femmes, des hommes et des enfants que la France refuse de rapatrier, malgré la demande des autorités syriennes.