La Hongrie de Viktor Orban n'a fait "aucun progrès" en matière d'Etat de droit, dénonce la Commission européenne
La Hongrie n'a fait "aucun progrès" en matière de transparence de la justice, d'indépendance des médias et de protection de la société civile, estime encore une fois la Commission européenne. L'exécutif européen, qui a présenté mardi 8 juillet son sixième rapport annuel sur l'Etat de droit dans les 27 pays de l'UE, demande une nouvelle fois à Budapest de respecter ce grand principe.
Le réquisitoire est sans appel contre le régime de Viktor Orban, dans le collimateur de Bruxelles depuis des années. Revenu au pouvoir en 2010, le Premier ministre hongrois s'est depuis attelé à remettre en cause le fonctionnement des institutions de son pays. La Hongrie ne peut même plus être considérée comme une démocratie, avait conclu un rapport du Parlement européen de 2022, préférant le terme de "régime hybride".
L'UE avait déjà gelé 18 milliards d'euros destinés à la Hongrie
Budapest n'a fait "aucun progrès" pour "améliorer la transparence des systèmes d'attribution des dossiers dans les tribunaux de première instance", estime la Commission, qui exige également des "enquêtes, poursuites et jugements définitifs dans les affaires de corruption de haut niveau". Il n'y a eu "aucun progrès pour lever les obstacles affectant les organisations de la société civile", grince aussi le rapport. L'exécutif européen recommande par ailleurs à la Hongrie de "renforcer les règles pour améliorer la gouvernance et l'indépendance éditoriale des médias de service public" et de leur autorité de régulation.
L'UE a déjà gelé 18 milliards d'euros de fonds destinés à la Hongrie dans le cadre de différentes procédures liées à des inquiétudes concernant les droits des personnes LGBT+ et des demandeurs d'asile, ainsi que les conditions de passation des marchés publics et les conflits d'intérêt. Le bras de fer s'est encore durci avec la nouvelle législation hongroise pour entraver les droits des personnes LGBT+ et la décision des autorités d'interdire la marche des fiertés à Budapest, fin juin.
Face au tollé suscité, en Hongrie comme à l'international, une foule immense de 200 000 personnes (elles étaient 30 000 l'année précédente) avait défilé dans la capitale hongroise lors de cette "Pride", dénonçant cette régression inédite des droits LGBT+ dans l'UE. Deux jours plus tard, Viktor Orban avait qualifié de "honte" cette manifestation.
"Nous ne laisserons pas Bruxelles dicter le futur de la Hongrie"
Le gouvernement hongrois a qualifié le rapport présenté mardi de tentative d'ingérence dans les affaires intérieures du pays. "En vérité, il ne s'agit que du dernier chapitre d'un effort permanent de la Commission européenne pour démanteler les principales réalisations des gouvernements du Premier ministre Orban et imposer un contrôle politique étranger sur la Hongrie", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Zoltan Kovacs. "Nous ne laisserons pas Bruxelles dicter le futur de la Hongrie", a-t-il ajouté, accusant la Commission de financer "un réseau" d'ONG visant à déstabiliser le pays.
Le rapport s'intéresse également aux progrès des autres pays membres de l'UE en matière d'Etat de droit, notamment la France. Il estime ainsi que le pays "a accompli de nouveaux progrès", notamment sur le sujet du numérique, de la justice et de "transparence en matière de propriété des médias", et encourage la France à approfondir ses efforts en la matière.