Guerre dans la bande de Gaza : ce que l'on sait du plan d'occupation décidé par le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou

L'armée israélienne n'est pas près de quitter la bande de Gaza. Après une semaine de discussions, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a obtenu le feu vert du cabinet de sécurité, dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 août, pour ordonner la "prise de contrôle" de la ville de Gaza. Ce plan, relayé vendredi matin par le bureau du chef du gouvernement sur X, prévoit aussi la distribution d'"une aide humanitaire à la population civile", dans des conditions encore floues.

Après près de deux ans de guerre, et un bilan humain extrêmement lourd (plus de 60 000 morts selon les autorités sanitaires de l'enclave, qui dépendent du gouvernement du Hamas), Benyamin Nétanyahou entend poursuivre les opérations militaires. Il a affirmé jeudi qu'il n'excluait pas d'occuper toute la bande de Gaza, bien que ce ne soit pas, à ce stade, pas l'ordre qui a été donné aux troupes de l'Etat hébreu. Voici ce que l'on sait du plan validé par l'exécutif israélien.

Le plan ne concerne pour l'instant que la ville de Gaza

Officiellement, les membres du cabinet de sécurité israélien ont validé un plan du Premier ministre "pour vaincre le Hamas", au pouvoir dans l'enclave palestinienne et responsable des attaques terroristes du 7 octobre 2023 contre Israël. Par conséquent, "l'armée israélienne se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza", le plus grand centre urbain du territoire palestinien, a fait savoir vendredi matin le bureau de Benyamin Nétanyahou.

Après des mois de bombardements et de raids, Tsahal estime que des combattants du mouvement islamiste se terrent toujours dans cette ville. "Lorsqu'une opération majeure débutera dans la ville de Gaza, la population civile se verra offrir la possibilité d'évacuer (...) vers d'autres zones, pas nécessairement seulement vers les camps [du centre de l'enclave]", précise le quotidien israélien Haaretz, citant plusieurs sources gouvernementales. Le gouvernement prévoit par ailleurs de fournir une aide humanitaire aux déplacés de guerre, mais uniquement "en dehors des zones de combat". Aucun calendrier concernant leur évacuation n'a été communiqué.

La ville de Gaza avait été l'une des premières visées par l'offensive terrestre de l'armée israélienne, fin octobre 2023, ce qui avait provoqué un exode massif vers le sud. Ses habitants n'ont pu y retourner qu'en janvier dernier, grâce au bref cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël. 

Israël projette d'occuper toute la bande de Gaza

Malgré les réticences d'Eyal Zamir, chef d'état-major de l'armée israélienne, Benyamin Nétanyahou a brandi ces derniers jours la menace d'une conquête "totale" de la bande de Gaza. Un objectif répété lors d'une interview diffusée vendredi par la chaîne américaine Fox News. "Oui, c'est notre intention, dans le but d'assurer notre sécurité et d'éliminer le Hamas", a-t-il expliqué. 

Pour l'instant, le bureau du chef du gouvernement ne mentionne pas une telle option. Mais le cabinet de sécurité a toutefois validé "cinq principes pour conclure la guerre", qui ouvrent la voie à une opération de grande ampleur. Dans le texte, ces objectifs sont "le désarmement du Hamas ; le retour de tous les otages – vivants et morts ; la démilitarisation de la bande de Gaza ; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza", ainsi que "l'établissement d'une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas, ni l'Autorité palestinienne". 

Lors de son entretien avec Fox News, réalisé avant l'annonce du plan, Benyamin Nétanyahou a expliqué ne pas vouloir "garder" l'enclave. "Nous voulons mettre en place un périmètre de sécurité, mais ne voulons pas la gouverner", a-t-il assuré. Puisqu'il ne fixe aucune date limite pour atteindre ses objectifs, ce plan "place Israël sur le chemin de la guerre perpétuelle", estime sur le site d'Haaretz Amos Harel, spécialiste des questions militaires pour le journal.

Le projet suscite déjà une forte opposition internationale

Outre les critiques du Hamas, mais aussi du Forum des familles d'otages, la réaction de la communauté internationale ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué publié vendredi, chef du Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, a appelé Israël à "stopper immédiatement" son plan militaire. "Tout porte à penser que cette nouvelle escalade entraînera des déplacements forcés encore plus massifs, plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces", a-t-il déclaré.

Comme la Chine, l'Arabie saoudite ou encore la Turquie, le Royaume-Uni a vivement critiqué ce projet. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, l'a qualifié d'"erreur", appelant le gouvernement de Benjamin Nétanyahou à le "reconsidérer immédiatement". De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a exhorté l'Etat hébreu à "revenir" sur son plan, réclamant au passage un cessez-le-feu "immédiatement".

De son côté, l'Allemagne a suspendu vendredi "les exportations d'équipements militaires susceptibles d'être utilisés dans la bande de Gaza", a fait savoir le chancelier Friedrich Merz. Depuis le début de la guerre à Gaza, jusqu'au mois de mai de cette année, l'Allemagne avait autorisé l'export d'armes à feu, de munitions ou encore de véhicules blindés spéciaux à destination d'Israël. Mais l'opération militaire israélienne, "de plus en plus difficile de comprendre", a poussé Berlin à changer de cap.