Angleterre-France : "On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes"... Les Français entre frustration et incompréhension à l'issue du Crunch
Dans les couloirs blancs des coursives du stade de Twickenham, il a fallu naviguer entre les visages fermés, les inspirations hésitantes et les mots francs, pour tenter de démêler le fil d'un après-midi qui a tourné en immense déception. Battus pour la première fois dans ce Tournoi des six nations par leur plus grand rival après une fin de match folle (27-26), samedi 8 février, les Bleus, peu nombreux à venir parler à la presse, n'ont pas pu masquer leurs regrets face au scénario de la rencontre.
"On est frustrés, on est déçu du résultat. C'est dommage parce qu'on avait vraiment de quoi faire mieux ce soir", a ainsi regretté le troisième ligne François Cros.

Au moment d'essayer de trouver des explications à cette défaite pleine de regrets, les Bleus savaient qu'ils devaient avant tout regarder du côté de leur propre performance. En premier lieu, la maladresse chronique dont ils ont fait preuve sur la pelouse, au cœur de l'insatisfaction du soir. Avec 27 fautes de main et 19 ballons perdus, les Bleus ont gâché de nombreuses munitions pour faire la différence, dont certaines très proches de la ligne d'essai (Antoine Dupont à la 21e, Damian Penaud à la 22e, Peato Mauvaka à la 43e).
Manque de consistance et d'application
"Les fautes sont arrivées surtout pour finir. Pour arriver dans ces positions-là, il n’y avait pas eu d’en-avant", a décrypté Fabien Galthié en conférence de presse, avant de développer : "Peut-être fallait-il plus de consistance dans les espaces qui étaient libres, peut-être plus d’application dans le dernier geste, ne pas vouloir marquer immédiatement et accepter de faire un ruck de plus ?" Un sentiment partagé par François Cros et Thomas Ramos, les deux seuls joueurs à s'être présentés en zone mixte dans l'ambiance morose d'après-match, qui se sont épanchés sur le déchet collectif. "Peut-être qu'on a joué les ballons avant de les avoir", a hésité le troisième ligne, tandis que pour le buteur du soir, il aurait fallu "un peu plus d'exigence".
Après un match qui s'est joué sur une pelouse détrempée, les conditions de jeu ont forcément été abordées. Mais Antoine Dupont n'a pas voulu en faire la principale et seule explication du revers du jour : "Le ballon était glissant, mais on a réussi à faire des choses compliquées avec, et dans ce qu'on n'a pas réussi à faire, il y a aussi eu des choses simples."
Punis d'avoir laissé l'adversaire espérer
Le groupe tricolore a également regretté avoir laissé son adversaire dans la partie, conséquence directe de ces approximations offensives. "À ce niveau-là, quand on a autant d'occasions et qu'on ne les met pas au fond, on le paie cash", a soufflé François Cros. "Quand une équipe croit qu'elle n'y est plus, et que finalement elle se rend compte qu'elle respire encore, on lui donne de l’énergie supplémentaire, des raisons d’y croire", avait pointé, quelques minutes plus tôt, Fabien Galthié.
De quoi conserver l'impression que les Bleus ont autant perdu cette rencontre tout seuls que les Anglais ne l'ont gagnée ? "C'est un peu présomptueux, mais oui je pense qu'avec le déchet qu'on a eu ce soir et les occasions assez franches, on a peut-être laissé échapper la victoire", a estimé François Cros. "On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes", a également assuré Thomas Ramos, qui a reconnu que l'équipe de France était "encore en phase d'apprentissage" sur ce genre de rencontres. Un apprentissage sans Grand Chelem qui va encore durer au moins un an.