ENTRETIEN. "Donald Trump n'a pas de couilles" : comment Colin, un Américain de 41 ans, a tout plaqué pour aller combattre avec l'Ukraine

C'est la réponse de Vladimir Poutine à la proposition d'une trêve de 30 jours faite samedi 10 mai par les Européens : le président russe propose de reprendre des négociations directes avec l'Ukraine dès le 15 mai, à Istanbul. Sur le terrain, loin des discussions diplomatiques, l'armée de Kiev défend toujours ses positions face aux assauts russes. Environ 2 000 étrangers sont engagés aux côtés des Ukrainiens. Parmi eux, Colin, un Américain du Texas rencontré dans un village de la région de Sloviansk, où son unité a dissimulé son camp de base.

"C'est là qu'on reste en attendant de partir pour la zone de combat, explique Colin. Là, c'est la cuisine, on va mettre des lits, on devrait être 12 ou 14", poursuit-il. Colin recevra ensuite l'ordre d'aller au front, mais reste à savoir quand. "On n'en a aucune idée et ça ne sert à rien de demander, balaie-t-il. L'arrivée et le départ dépendent vraiment des conditions de sécurité. L'un des moments les plus dangereux, c'est quand tu es dans le véhicule qui va au bunker. Une fois que tu es dedans, s'il est bien construit, ça va. La dernière fois, il y a eu des frappes de drones pendant plusieurs jours. On était visés à peu près toutes les demi-heures. J'essaie surtout de pas perdre mon sang-froid".

"Beaucoup d'étrangers"

Colin a 41 ans et pas d'enfant. Il vivait au Texas et a tout plaqué en 2022. "La Russie a décidé d'envoyer ses chars vers l'ouest et c'est la chose la plus dingue que j'ai jamais entendue de ma vie. À partir de ce moment-là, plus rien n'avait vraiment d'importance, raconte-t-il. J'avais une petite entreprise de construction, mais je me disais tout le temps : 'À quoi ça sert, ce que je fais ?'"

"J'ai tout laissé tomber. Et maintenant, ici, tout fait sens, à 100%".

Colin

à franceinfo

Ce qui ne fait pas sens, en revanche, aux yeux de Colin, ce sont les positions de Washington. "Je vais dire quelque chose que peu de gens oseraient dire : Donald Trump n'a pas de couilles et son équipe agit comme un groupe de personnes qui ne savent pas ce qu'elles font. Ce que cela signifie vraiment, c'est que nous ne savons pas comment ramener la paix", dénonce-t-il.

Le quadragénaire, qui s'est mis à l'ukrainien, s'est également trouvé une fiancée et vient de vendre sa maison du Texas. "Je ne prévois pas de rentrer. Je ne pense pas que l'on puisse faire du bon travail si on prévoit de rentrer. Il y a beaucoup d'étrangers ici comme ça", assure-t-il. Et quand bien même la guerre s'arrêterait, "ça ne changera rien", assure Colin, convaincu qu'il faudra rester. Prêt à défendre l'Ukraine.