Mondial de volley : face au Brésil en quart, Amélie Rotar veut «continuer d’écrire» la belle histoire des Bleues
Êtes-vous redescendue de votre nuage après ce 8e de finale victorieux face à la Chine ?
Amélie Rotar : Je pense que nous sommes toujours encore un peu dessus, car c’était vraiment impressionnant ce qu’il s’est passé lors de ce match. Néanmoins, il faut être capable de passer rapidement à la suite. Il faut avoir conscience de ce que l’on a réalisé, mais aussi que la compétition n’est pas finie. L’équipe de France n’avait pas disputé de Championnat du monde depuis plus de 50 ans (depuis 1974) et c’est déjà quelque chose de ouf de se dire que nous avons été jusqu’en quarts. Mais nous voulons aussi continuer à écrire notre histoire.
Avec le recul, comment analysez-vous cette victoire sur une formation du top 5 mondial ?
C’est une équipe que nous avions jouée trois fois depuis un an. Aux Jeux olympiques par exemple, nous avions perdu en trois sets. Nous savions que c’était une équipe très offensive et très agressive. Elles sont très grandes et physiquement, c’est du lourd. Donc nous nous étions préparées à l’idée que cela allait être dur, que nous allions connaître des moments difficiles et que l’important allait résider dans notre manière de réagir et d’y faire face. Nous l’avons fait très bien, et dès le début du match, nous avons réussi à être agressives sur le bloc défense et nous avons bien défendu face à leurs systèmes, ce qui les a conduites à changer de pointu (l’attaquante numéro 1). Et à partir du moment où nous sommes parvenues à les mettre en difficulté, bien plus que lors de nos trois précédentes rencontres, j’ai vu dans nos regards que c’était notre match.
Passer la publicitéC’est certain que depuis cette participation aux Jeux, nous ne sommes plus la même équipe.
Amélie Rotar
Vous attendiez-vous à réussir un si beau parcours lors de ce Championnat du monde ?
Cela fait quelques années qu’on progresse de manière régulière. Il y a un travail en amont qui a été commencé avec la nomination d’Emile Rousseaux au poste de sélectionneur (en 2017). Il a réussi à impulser quelque chose, ce qui nous a permis d’intégrer le Top 15 mondial. Et puis l’arrivée de Cesar (Hernandez Gonzalez) après les Jeux a parfaitement entretenu cet élan. Je le dis souvent mais c’est une très bonne personne, et un très bon coach qui nous apporte de la fraîcheur et de la liberté. Il nous laisse jouer le volley-ball que l’on souhaite et il n’essaie pas de nous changer. Après, est-ce que nous nous attendions à aller en quarts de finale ? Je ne sais pas… Disons que nous jouons sans nous poser de questions et que nous sommes portées par une très bonne cohésion de groupe, ce qui explique notre réussite.
Peut-on parler également d’effet Paris 2024 qui perdure ?
Je pense que ces Jeux nous ont permis de progresser surtout sur le plan mental. C’est sur ce tournoi olympique que nous avons pleinement mesuré que le très haut niveau international, c’était ça. À cette époque-là, nous avions déjà bien progressé mais nous étions aussi encore très perfectibles, avec une équipe très différente de celle que nous avons aujourd’hui. Mais c’est certain que depuis cette participation aux Jeux, nous ne sommes plus la même équipe. Nous jouons de manière beaucoup plus libérée et nous donnons la meilleure version de nous-même à chaque match, ce qui donne de la confiance et de la fierté.
Nous nous disons que ce n’est pas impossible, à condition que nous prenions un maximum de plaisir car c’est comme cela que nous jouons le mieux.
Amélie Rotar
On imagine que cette fierté d’avoir atteint les quarts de finale ne vous empêche pas de rêver encore plus grand face au Brésil en quarts de finale…
Oui, comme je le disais, nous voulons continuer à écrire notre histoire et ce chapitre Championnat du monde n’est pas encore bouclé. Nous voulons aller encore plus loin. Après, nous avons conscience aussi que nous allons défier les médaillées de bronze des derniers Jeux et deuxièmes mondiales au classement. Nous savons que c’est du lourd en face. J’estime qu’elles ont la meilleure joueuse du monde actuellement, Gabi, qui est incroyablement complète dans tous les secteurs du jeu. Mais en même temps, nous les avons poussées au cinquième set les deux dernières fois que nous les avons jouées, en VNL et lors de la phase de groupes ici. Donc nous nous disons que ce n’est pas impossible, à condition que nous prenions un maximum de plaisir car c’est comme cela que nous jouons le mieux. Nous allons donner notre maximum et nous verrons bien. Ce sera un gros match dans tous les cas.
Est-ce un avantage ou un désavantage de les rejouer quelques jours seulement après la défaite en phase de groupes ?
C’est difficile à dire… C’est mieux de les avoir affrontées pour savoir à quoi s’attendre. Mais en même temps, nous n’avions pas vraiment besoin de cela pour savoir qu’elles forment l’une des meilleures équipes du monde. Elles vont donner leur maximum pour aller en demi-finales. Peut-être que psychologiquement, pour la confiance, c’était bien pour nous de voir que nous étions capables de rivaliser avec une telle équipe.
Cela vous a décomplexé d’une certaine manière ?
Je ne pense pas que nous nourrissions de complexes. Je n’ai jamais aimé les termes d’outsider et de favori, même si nous ne pouvons pas nier que sur le papier, elles sont largement au-dessus de nous. Pour autant, nous restons sur un exploit, celui d’avoir écarté la Chine, et nous avons poussé les Brésiliennes au bout des cinq sets. Cela nous rend très fières et tout ce que nous pouvons faire sur ce quart, c’est de nous donner une nouvelle fois à fond pour sortir du terrain la tête haute, quel que soit le résultat. Si cela ne doit pas passer, nous n’aurons aucun regret.