Espagne-France : un an après l'Euro, une revanche marquée par le duel Dembélé-Yamal en vue du Ballon d’Or
Le 9 juillet 2024, l'Espagne éliminait la France en demi-finale de l'Euro 2024, notamment grâce à un bijou de Lamine Yamal. Moins d'un an plus tard, les Bleus retrouvent, jeudi 5 juin, en demi-finale de la Ligue des nations à Stuttgart (Allemagne), les champions d'Europe.
Ce match ressemble à une revanche collective pour la France, qui reste sur un réveil prometteur face à la Croatie en quart de finale de Ligue des nations, contre des Espagnols qui n'ont plus perdu depuis le 28 mars 2023. Mais l'opposition a aussi des airs de duel individuel. Car le jeune Espagnol, du haut de ses 17 ans et de son talent insolent, fait figure de principal rival pour Ousmane Dembélé dans la course au Ballon d'Or.
Interrogé à ce sujet par la radio Cope, Lamine Yamal a d'ailleurs lancé les hostilités. "Si les gens veulent qu'on se joue le Ballon d'Or jeudi, allons-y", a répondu le Barcelonais en riant, avant de reprendre son sérieux : "Je ne pense pas au trophée, ni à le gagner. Si tu joues en pensant que tu dois absolument le remporter, ça finit mal. Moi je joue pour gagner. Si l'an prochain, je gagne la Ligue des champions et la Coupe du monde, je l'aurai peut-être. Si c'est cette année, tant mieux. Il faut profiter, et le moment viendra quand il devra venir". Toujours est-il que l'ombre du Ballon d'Or planera sur cette demi-finale de Ligue des nations.
Dembélé et Yamal au coude à coude
Tout juste vainqueur de la Ligue des champions avec le PSG, après une saison à 33 buts et 15 passes décisives, Ousmane Dembélé, qui se garde bien d'évoquer le sujet face à la presse, a peut-être pris un avantage décisif grâce au sacre européen des Parisiens. D'autant que Lamine Yamal affiche des statistiques moins élevées avec 18 buts et 25 passes décisives, et qu'il a partagé l'affiche au FC Barcelone avec le Brésilien Raphinha (34 buts, 27 passes décisives) et le Polonais Robert Lewandowski (42 buts, dont 11 en Ligue des champions). Comme souvent dans ces cas-là, les votes pourraient ainsi se diviser entre les trois Catalans, ce qui profiterait à Ousmane Dembélé.
Pour rappel, 100 journalistes issus des 100 premiers pays au classement Fifa doivent désigner un top 10, en fonction des performances individuelles et de leur caractère décisif et impressionnant, mais aussi en fonction de l'aspect collectif et des trophées remportés, et enfin, de la classe et le fair-play. Des critères qui détermineront qui sera désigné Ballon d'Or, le 22 septembre prochain. Et qui font d'Ousmane Dembélé et Lamine Yamal les deux grands favoris, devant plusieurs outsiders comme Mohamed Salah (Liverpool), Kylian Mbappé (Real Madrid) ou Raphinha (FC Barcelone).
Avant le sacre parisien de Munich, Lamine Yamal, fort de plusieurs prestations de haut vol cette saison en Espagne et sur la scène européenne (à l'image de la demi-finale perdue face à l'Inter Milan), était le grand favori. Mais Ousmane Dembélé est plus que revenu dans la course grâce à ce sacre. Au point de faire de cet Espagne-France une finale pour ce trophée individuel ?
"C'est illogique de vouloir tout remettre sur le match de jeudi, je ne suis pas d'accord, a répondu le défenseur Ibrahima Konaté en conférence de presse mercredi. Yamal a fait une saison exceptionnelle à 17 ans, je ne sais même pas si Messi faisait ça à l'époque. Mais il est fort en communication aussi le petit. En toute honnêteté c'est Ousmane qui le mérite cette année".
"Le Ballon d'Or devrait être décerné au meilleur joueur de l'année", tranche Yamine Lamal, toujours sur les ondes de Cope. Mais les gens veulent que celui qui gagne jeudi entre l'Espagne et la France remporte le Ballon d'Or, imaginez s'il m'arrive quelque chose à Dembélé et moi jeudi." Plus que le duel direct entre les deux joueurs, c'est la perspective de soulever ce trophée qui pourrait peser dans les débats.
Deux occasions de briller encore pour Dembélé
La Ligue des nations reste une compétition secondaire, loin d'avoir le poids d'une Coupe du monde, d'un Euro, ou d'une Ligue des champions, tout comme la nouvelle Coupe du monde des clubs (15 juin au 13 juillet). Mais Ousmane Dembélé y a deux occasions de briller, au contraire de Lamine Yamal, dont l'équipe n'est pas qualifiée pour la compétition de l'été.
Si les matchs les plus importants de la saison sont déjà passés, la campagne médiatique lancée par les clubs de chaque prétendant peut également jouer un rôle. Le PSG est d'ailleurs passé à la vitesse supérieure depuis sa victoire en finale de Ligue des champions, avec les chants "Et Ousmane Ballon d'Or" répétés lors de la journée de célébration dimanche, accompagnés d'une banderole des ultras parisiens.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, le lendemain, c'est Ousmane Dembélé, et pas le capitaine Marquinhos, qui a été envoyé pour présenter le trophée sur le court Philippe-Chatrier de Roland-Garros. Car, pour être Ballon d'Or, il faut briller sur tous les terrains, y compris dans l'espace médiatique.
Cette campagne a été lancée quelques minutes après la finale de Ligue des champions par Luis Enrique, en conférence de presse : "Je donnerais le Ballon d'or à Ousmane Dembélé pour la manière dont il a défendu dans cette finale. C'est ce qu'on appelle mener une équipe."
"Je crois sincèrement qu’il mérite le Ballon d’or, sans aucun doute, pas seulement pour les titres remportés ou les buts marqués mais pour sa manière de presser. Il l’a fait toute la saison mais de façon exceptionnelle dans cette finale."
Luis Enrique, entraîneur du PSGen conférence de presse
Le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, a pris le relais jeudi : "Evidemment que je suis pour Ousmane. Il est Français et avec la saison qu'il fait... Cette Ligue des Nations peut amener des éléments de réponse, la Coupe du monde des clubs aussi, mais à choisir je vous dis 'Ous' à 100%".
Désigné meilleur joueur de cette campagne de Ligue des champions, après avoir reçu la même distinction en Ligue 1, Ousmane Dembélé coche toutes les cases pour devenir le sixième Ballon d'Or français de l'histoire, trois ans après Karim Benzema. Une défaite face à l'Espagne en demi-finale de Ligue des nations serait sûrement anecdotique, même si, dans le doute, et pour le symbole, mieux vaut remporter ce choc face à Lamine Yamal et aux siens.