Guerre en Ukraine : "La trêve serait défavorable aux intérêts militaires russes", assure Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie
"La trêve serait défavorable aux intérêts militaires russes", assure sur franceinfo dimanche 11 mai Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie de 2009 à 2013. Le président russe Vladimir Poutine a proposé dimanche des négociations "directes" et "sans condition préalable" entre la Russie et l'Ukraine le 15 mai à Istanbul. Une manière de repousser l'instauration d'un cessez-le-feu "complet" de 30 jours dès demain, demandé samedi par l'Ukraine et ses alliés européens.
Emmanuel Macron a estimé dimanche matin que cette contre-proposition montrait que Vladimir Poutine "cherche une voie, mais il y a toujours chez lui la volonté de gagner du temps". Selon Jean de Gliniasty, "les Russes ont l'avantage sur le terrain et plus le temps va passer, plus cet avantage est important. Une partie de cet avantage est fondée sur la fatigue des troupes ukrainiennes. Donc la trêve serait défavorable aux intérêts militaires russes puisqu'elle permettrait à l'Ukraine de souffler et de recevoir des renforts en matériel et en hommes aussi."
"Une façon de dire non"
D'après l'ancien ambassadeur de France en Russie, la déclaration de Vladimir Poutine est "une façon de dire non à la proposition de cessez-le-feu pour lequel la Russie a posé une condition essentielle : qu'il n'y ait pas alimentation de l'Ukraine, pendant la période de cessez-le-feu, en armement et en matériaux occidentaux. Ce que les Européens ont refusé." Selon Jean de Gliniasty, avec cette contre-proposition, le président russe espère "mettre la balle dans le camp de l'Ukraine."
"Poutine n'aurait jamais répondu à un ultimatum donc il l'a contourné. Il a essayé de répondre aux Américains, mais pas aux Européens", juge Jean de Gliniasty. "Son souci, c'est de répondre à Trump", dit-il. Parallèlement, il assure que Donald Trump "a instrumentalisé la détermination des Européens pour accentuer la pression sur Moscou. Mais dès que Moscou va ouvrir les vannes, Trump se précipitera dans la brèche."