« La Russie perd des marchés, elle va subir des pertes financières » : Kiev ferme le robinet du gaz russe et relance la guerre énergétique

Quand elle ne se situe pas sur le terrain militaire, la guerre entre puissances se mène dans le domaine énergétique. L’annonce par l’Ukraine de ne plus faire transiter de gaz venu de Russie vers l’Europe à compter du 1er janvier, après l’expiration du contrat quinquennal conclu fin 2019, a été présentée par Kiev comme un « événement historique ».

« La Russie perd des marchés, elle va subir des pertes financières », claironne le ministre ukrainien de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko. Pour la Russie, cette perte est estimée à 6,2 milliards d’euros et à plusieurs centaines de millions pour l’Ukraine dont les industriels devraient payer quatre fois plus pour le transport de leur gaz, selon le Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières.

Lors de ses vœux à la nation, ce 31 décembre, Volodymyr Zelensky a expliqué que son pays devrait, cette année, se battre « sur le champ de bataille » mais aussi à « la table des négociations ». Sur le plan énergétique, il privilégie sans conteste la manière forte.

Bratislava menace de cesser ses livraisons d’électricité

Cet arrêt n’est pas sans susciter des inquiétudes dans les pays de l’est de l’Europe qui s’approvisionnaient encore auprès de la Russie tels l’Autriche, la Moldavie, la République tchèque, la Slovénie, la Slovaquie et la Hongrie. Le premier ministre slovaque, Robert Fico, a ainsi effectué une visite de la dernière chance à Moscou, le 22 décembre, pour tenter de trouver une solution.

Faute d’y parvenir, Bratislava menace désormais de cesser ses livraisons d’électricité à l’Ukraine au moment où ses infrastructures énergétiques sont bombardées par la Russie. Une perspective qui a provoqué l’ire du président Volodymyr Zelensky qui y voit la main de Moscou : « Poutine a ordonné à Fico d’ouvrir un nouveau front contre l’Ukraine », tempête-t-il.

La Pologne s’est portée au renfort de Kiev et propose de lui fournir l’électricité qui viendrait à lui faire défaut. Cette guerre hybride touche aussi la Moldavie. Le pays, qui a récemment réélu à sa tête la présidente pro-européenne Maia Sandu, devrait également être privé de gaz par le géant russe Gazprom.

À l’est, la stratégie jusqu’au-boutiste remise en cause

La guerre énergétique qui se déroule sur le flanc oriental du continent pourrait contribuer à accentuer la fracture avec les sociétés d’Europe de l’Est. Celles-ci ne montrent plus seulement des signes d’impatience face aux conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine, mais envoient des messages clairs susceptibles d’alerter Bruxelles.

Membres ou non de l’UE, plusieurs pays, de la Slovaquie à la Roumanie, ont porté l’an dernier à leur tête – ou placé en bonne position – des dirigeants nationalistes et pro-russes. Tous ont fait campagne sur la restauration du pouvoir d’achat après les hausses des prix de l’énergie et l’arrêt des importations de céréales ukrainiennes qui ont lésé les paysans locaux.

Les États-Unis et l’Union européenne livrent, à travers l’Ukraine, une guerre hybride à la Russie pour le contrôle des marchés et des systèmes d’approvisionnement mondiaux. Cette stratégie jusqu’au-boutiste commence à être questionnée par les populations qui se réfugient dans un vote d’extrême droite.

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