Santé mentale : grande cause nationale ?
Un Français sur cinq rencontre des problèmes de santé mentale, lesquels représentent le premier poste de dépense de l’assurance-maladie, soit presque 14 % du total. La situation s’est particulièrement dégradée depuis le début des années 2000, en particulier après la crise financière de 2008, puis avec le Covid. Face à cette situation, le gouvernement, par la voix de M. Barnier, a décrété que la santé mentale serait désignée « grande cause nationale » en 2025. Avec un certain retard, Matignon vient d’annoncer fin avril le lancement de ce qu’il appelle la labellisation « Parlons santé mentale ».
Il s’agit, je cite, d’un appel à projets en direction des acteurs du système de santé, dont les établissements sanitaires et médico-sociaux, afin d’obtenir un label pour les actions qu’ils s’engagent à déployer en utilisant le kit national de communication. Une fois labellisés, les acteurs concernés autorisent le gouvernement à relayer les actions conduites et fournir en fin d’année des indicateurs de réalisation de leurs objectifs.
Ce type de démarche semble tout droit sorti des élucubrations d’un de ces cabinets de conseil chers à Emmanuel Macron, pour une simple opération de communication faisant porter toute la charge de travail – montage du dossier, organisation de l’action et élaboration d’un bilan – aux structures ayant obtenu le fameux label. Tout cela sans moyens financiers dédiés, bien que le premier ministre explique à longueur d’antenne que la Sécu doit diminuer ses dépenses de 20 milliards d’euros.
Voilà à quoi s’amusent les services de Matignon alors que le secteur de la psychiatrie est en grande déshérence du fait de la réduction massive de moyens. Il faut rappeler que plus de 10 000 lits de psychiatrie ont été supprimés en quinze ans. Le constat est alarmant, avec un abandon des patients dont un grand nombre sont en prison, où ils n’ont rien à faire, ou vivent dans la rue, désocialisés.
La priorité n’est donc pas à une opération publicitaire, mais bien des moyens pour une véritable politique de santé publique, en s’appuyant sur les professionnels et les représentants de la société civile. Un domaine particulier, qui a fait la une lors des suicides à France Télécom et plus récemment dans le secteur de la santé, est celui de la souffrance au travail. En effet, ce sont trop souvent les conditions de travail qui rendent malade.
Or, le déni est de mise, que ce soit du côté du patronat ou de celui de l’État employeur, qui appliquent des méthodes de management à l’origine de ces situations de souffrance chez les travailleurs. L’urgence est donc à une stratégie incluant des actions de prévention, notamment dans le domaine des conditions de travail, et des moyens pour que les personnes concernées puissent être soignées dans des conditions adaptées.
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