Nucléaire iranien : Netanyahou refuse que l’Iran se dote de l’arme nucléaire

Benyamin Netanyahou affirme qu’Israël n’autorisera pas Téhéran à se doter de l’arme nucléaire, alors que des pourparlers sont en cours entre l’Iran et les États-Unis depuis le samedi 12 avril. Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré que les deux parties avaient «peu de temps» pour parvenir à un accord.

Le Figaro fait le point sur la situation.

Israël n’autorisera pas l’Iran à se doter de l’arme nucléaire, dit Netanyahou

Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a affirmé ce jeudi qu’Israël n'autoriserait pas l'Iran à se doter de l'arme nucléaire, précisant qu'il avait conduit «d'innombrables» actions «publiques et secrètes» qui ont retardé le programme nucléaire iranien de «près d'une décennie».

Ces déclarations sont les premières venant du chef d’État hébreu depuis que l'administration Trump a entamé des négociations avec Téhéran pour tenter de conclure un nouvel accord sur le nucléaire iranien. «Comme l’a déclaré à de nombreuses reprises le Premier ministre: Israël n’autorisera pas l’Iran à se doter de l’arme nucléaire», a indiqué son bureau dans un communiqué. «Le Premier ministre a conduit d’innombrables actions, publiques et secrètes, dans la lutte contre le programme nucléaire iranien, sans lesquelles l’Iran posséderait aujourd’hui un arsenal nucléaire. Ces actions ont retardé le programme nucléaire iranien de près d’une décennie», a-t-il précisé.

Téhéran et Washington ont «peu de temps» pour parvenir à un accord, affirme l’AIEA

L’Iran et les États-Unis, qui ont entamé samedi dernier des pourparlers sur le nucléaire, ont «peu de temps» pour parvenir à un accord, a mis en garde ce jeudi à Téhéran Rafael Grossi, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). «Nous nous trouvons à une étape cruciale de ces négociations importantes (...), nous savons que nous disposons de peu de temps, c’est pourquoi je suis ici (...) pour faciliter ce processus», a déclaré M. Grossi à plusieurs médias d’État iraniens.

Rafael Grossi s’est entretenu dans la matinée avec son homologue iranien, Mohammad Eslami, de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA). Aucun détail n’a filtré sur leur rencontre. Cette visite ouvre «un chapitre sensible de la diplomatie iranienne», titre ce jeudi le quotidien réformateur Shargh . Dans un entretien au journal Le Monde publié ce mercredi, M. Grossi a affirmé que l’Iran n’était «pas loin» de disposer de la bombe atomique. «Il reste du chemin à parcourir avant d’y parvenir. Mais ils n’en sont pas loin, il faut le reconnaître», a-t-il ajouté.

L’AIEA, le gendarme onusien du nucléaire basé à Vienne, est chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire de l’Iran. Les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël soupçonnent de longue date l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie. Iran et États-Unis se retrouveront ce samedi à Rome pour de nouveaux pourparlers sous médiation omanaise.

Une «discussion utile»

Rafael Grossi s’est entretenu dès son arrivée ce mercredi à Téhéran avec le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi. Ce dernier a salué ce jeudi sur le réseau social X une «discussion utile» avec M. Grossi. «Dans les prochains mois, l’Agence peut jouer un rôle crucial dans le règlement pacifique du dossier nucléaire iranien», a-t-il souligné.

Le négociateur américain Steve Witkoff a affirmé ce mardi que l’Iran devait «stopper son programme d’enrichissement et de militarisation nucléaires, et l’éliminer». Téhéran considère comme une «ligne rouge» l’arrêt de toutes ses activités nucléaires, y compris civiles. M. Witkoff, qui avait plaidé ce lundi pour une limitation des capacités d’enrichissement d’uranium de l’Iran, s’était abstenu de réclamer un démantèlement total de son programme nucléaire.

L’Iran et le nucléaire

Avant les pourparlers de ce samedi, le chef de la diplomatie iranienne est ce jeudi à Moscou pour évoquer le nucléaire. La Russie est l’un des pays signataires de l’accord international sur le nucléaire conclu avec l’Iran en 2015, mais devenu caduc à la suite de la décision des États-Unis de s’en retirer en 2018.

Le texte prévoit la levée de sanctions internationales visant l’Iran en échange d’un encadrement de son programme nucléaire par l’AIEA. Selon cette instance, l’Iran respectait ses engagements jusqu’au retrait décidé en 2018 par Donald Trump et le rétablissement des sanctions américaines. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier dernier, M. Trump appelle l’Iran à négocier un nouveau texte mais menace de bombarder le pays en cas d’échec de la diplomatie.

Le quotidien New York Times  affirme jeudi que le président américain a dissuadé Israël de frapper des sites nucléaires en Iran, afin de privilégier la diplomatie. L’Iran est le seul État non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60%), proche des 90% nécessaires à la fabrication de l’arme atomique, tout en continuant à accumuler d’importants stocks de matière fissile, selon l’AIEA. L’accord sur le nucléaire de 2015 plafonnait ce taux à 3,67%.