Nucléaire iranien : Washington salue des discussions "positives" avec Téhéran à Oman
Les États-Unis et l'Iran ont fait état de progrès à l'issue d'un troisième cycle de négociations sur le nucléaire samedi 26 avril à Oman, et promis de poursuivre leurs pourparlers pour parvenir à un accord susceptible d'apaiser les tensions croissantes au Moyen-Orient.
Les discussions, sous médiation omanaise, ont été qualifiées de "positives et constructives" par un responsable américain, tandis que le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a affirmé que les deux parties allaient essayer d'aplanir leurs divergences, avant leur prochaine rencontre la semaine prochaine.
Ces discussions indirectes à haut niveau entre les deux pays, ennemis depuis quatre décennies, visent à conclure un nouvel accord devant empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique – une ambition que Téhéran a toujours nié avoir – en échange d'une levée des sanctions qui paralysent son économie, après le retrait américain en 2018, sous la première présidence de Donald Trump, de l'accord international conclu trois ans plus tôt à Vienne.
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"Il reste encore beaucoup à faire, mais de nouveaux progrès ont été réalisés en vue de parvenir à un accord", a indiqué un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.
"Étudier les moyens de réduire les différences"
À la tête de l'équipe de négociateurs iraniens, Abbas Araghchi a qualifié les discussions, qui ont inclus pour la première fois des réunions techniques entre experts, de "sérieuses".
"Il y a des divergences à la fois sur les grandes questions et sur les détails", a-t-il déclaré à la télévision d'État, ajoutant que les parties allaient "étudier les moyens de réduire les différences", d'ici la prochaine réunion.
Les pourparlers se poursuivront avec une nouvelle réunion de haut niveau prévue le 3 mai, a-t-il ajouté.
Selon la télévision d'État iranienne, le chef de la diplomatie Abbas Araghchi et l'émissaire américain Steve Witkoff vont retourner avec leurs équipes "dans leurs capitales respectives pour des consultations".
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, avait fait état plus tôt d'une "atmosphère sérieuse" et indiqué que les discussions s'étaient déroulées dans "des salles séparées", comme lors des précédentes réunions, le 12 avril à Mascate et le 19 à Rome.
Un membre de l'équipe de négociation iranienne a affirmé à l'agence locale Tsinam que les discussions s'étaient limitées aux sanctions et aux questions nucléaires.
Des "divergences" demeurent avec les États-Unis, a dit le chef de la diplomatie iranienne.
"Approche hostile"
Les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations, défendant un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.
Abbas Araghchi a ainsi indiqué mardi que son pays prévoyait de construire 19 nouveaux réacteurs.

En représailles au retrait américain de l'accord de Vienne, l'Iran a pris ses distances avec le texte, en enrichissant notamment de l'uranium à un niveau élevé.
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de "pression maximale" sur l'Iran, l'appelant en mars à négocier tout en menaçant de le bombarder en cas d'échec de la diplomatie.
Dans des déclarations publiées vendredi par Time Magazine, il a assuré être prêt à rencontrer les dirigeants du pays.
Dans le même temps, Washington a annoncé mardi de nouvelles sanctions visant le secteur pétrolier iranien, Téhéran dénonçant une "approche hostile".
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Des tunnels en question
Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien, a demandé à Téhéran d'expliquer la présence de tunnels autour du site de Natanz (centre) qui abrite des centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium.

L'organisme Institute for Science and International Security, basé à Washington, a publié des images satellites de ce site, qui montre selon lui à proximité un nouveau tunnel et un plus ancien, ainsi qu'un nouveau périmètre de sécurité. Téhéran n'a pas réagi dans l'immédiat.
L'Iran enrichit actuellement l'uranium à un niveau élevé (60 %), inférieur aux 90 % nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67 % fixé par l'accord de Vienne.
Selon Abbas Araghchi, le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium est "non négociable".

Jeudi, il s'est dit disposé à se rendre en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, autres pays parties à l'accord de Vienne.
La semaine dernière, le secrétaire d'tat américain Marco Rubio avait appelé les Européens à se décider rapidement concernant le rétablissement des sanctions de l'ONU sur l'Iran. L'accord de 2015 prévoit la possibilité de les rétablir automatiquement en cas de non conformité au texte, mais cette option expire en octobre.
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L'Iran a prévenu qu'il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire si ce mécanisme était déclenché.
Avec AFP