La grande explication. Un an et demi après sa réélection, et au terme d’une période politique très chargée, allant des rebondissements de la loi immigration jusqu’au remplacement d’Élisabeth Borne par Gabriel Attal à Matignon début janvier, Emmanuel Macron a voulu justifier le grand chambardement de cette rentrée, lors d’une grande conférence de presse retransmise mardi soir depuis la salle des fêtes de l’Élysée. Travail, école, natalité... Les sujets ne manquent pas, en ce début d'année, sur le bureau du président de la République. Raison pour laquelle, avant de répondre aux questions des quelque 250 journalistes présents, le chef de l’État, assis en majesté à un bureau devant un décor aux couleurs du drapeau tricolore, a esquissé les grandes orientations des trois années qu’il lui reste. Sous le regard attentif du nouveau gouvernement assis à sa gauche. Avec un objectif : relancer une nouvelle fois ce second quinquennat, qui a eu, pour l’instant, du mal à afficher une ligne directrice.
«Nos enfants vivront mieux demain que nous le vivons aujourd'hui»
Le président de la République a introduit cette conférence de presse par un «propos introductif» d’une vingtaine de minutes afin de «dire au pays d’où nous venons et où nous allons», a-t-il souligné. Après avoir estimé que «nous sommes mieux armés qu'il y a six ans et demi», au moment de son élection en 2017, et ce malgré des «crises», Emmanuel Macron a affirmé qu’il était «convaincu que nous avons tous les atouts pour réussir», que «nous n'en avons pas fini avec le progrès» et que «nos enfants vivront mieux demain que nous le vivons aujourd'hui».
«Audace, action et efficacité» : Macron trace la feuille de route du nouveau gouvernement
Une semaine après le remaniement, marqué par la nomination de Gabriel Attal à Matignon, Emmanuel Macron a justifié cette nouvelle équipe, «la plus resserrée et la plus jeune de l'histoire de la Ve République» par l'«époque de crise» que la France et le monde connaissent. Et le président de fixer ses trois lignes directrices : «Audace, action et efficacité». Selon lui, «se décidera», dans les prochaines années, l'avenir «des prochaines générations». Voilà pourquoi «démocrates, écologistes et républicains se rassemblent pour agir.» Une action dirigée vers un objectif : «que la France reste la France, qu'elle reste» le pays du «bon sens, de résistance et des lumières.» En résumé : «rendre la France plus forte et plus juste». Le chef de l’État a également partagé son souhait d’instituer, «dans chaque collège et dans chaque lycée, une cérémonie de remise des diplômes».
Multiplication des «opérations place nette»
Fidèle à son mantra de ses derniers mois, Emmanuel Macron a plaidé en faveur de «l’ordre». Au-delà du contrôle aux frontières et de la présence policière, deux de ses priorités, le président a annoncé une «multiplication des opérations place nette», qui consiste à démanteler des points de deal, précisant qu’«elles se conduiront dans toutes les catégories de villes». Il a souhaité qu’une dizaine ait lieu chaque semaine.
Le gouvernement devra mettre «fin aux normes inutiles»
Emmanuel Macron avait annoncé un «choc de simplification» il y a plusieurs semaines. Il a confirmé mardi soir que son gouvernement agira pour mettre «fin aux normes inutiles», vilipendant des «complexités qui bien souvent protègent ders rentes».
Une expérimentation de la «tenue unique» à l’école, pour une généralisation en 2026 ?
Le chef de l'État vise la généralisation du port de l'uniforme dans les établissements scolaires publics à partir de 2026. En 2024, une expérimentation de la tenue unique aura lieu dans une centaine d'établissements. Le théâtre sera un «passage obligé» au collège dès la rentrée et l’histoire de l’art prendra «toute sa place» au collège et au lycée.
Un nouveau «congé de naissance» pour «relancer la natalité»
Alors que les Français n'ont jamais aussi peu fait d'enfants depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, Emmanuel Macron a annoncé un nouveau «congé de naissance» d’une durée de six mois qui viendra remplacer l'actuel «congé parental». Et le chef de l'État de préciser que ce dernier sera «mieux rémunéré» et «plus court» que le dispositif actuel, ce dernier pouvant parfois «durer plus de trois ans» et éloigner des femmes «du marché du travail».
Infertilité : un grand plan de lutte pour un «réarmement démographique»
Le sombre constat évoqué ci-dessus pousse le président à engager un grand plan de lutte contre le «tabou» que connaissent beaucoup de couples : l'infertilité. Pour contrer ce fléau, Emmanuel Macron entend alors engagement un véritable «réarmement démographique».
Emmanuel Macron veut voir les salaires augmenter au sein de «la France de l’angle mort»
Le président de la République a estimé que «l’effort et le mérite ne sont pas suffisamment reconnus» en France, notamment au sein de ce qu’il a appelé «une France de l’angle mort», «populaire», celle des «classes moyennes». Il a donné «mandat au gouvernement» de réaliser «un travail ardent» pour «reconnaître» les efforts de ces Français en leur permettant de «mieux gagner (leur) vie par le travail» grâce à une «adaptation des dispositifs sociaux et fiscaux». En ce qui concerne les fonctionnaires, Emmanuel Macron a confirmé qu’une loi instaurera «dans les prochaines semaines» une rémunération au mérite. Fidèle à sa promesse annoncée au printemps 2023, le chef de l’État a également réitéré sa volonté de baisser de 2 milliards d'euros d'impôts dès 2025 pour les classes moyennes.
Santé : Macron demande la régularisation de «médecins étrangers»
Emmanuel Macron souhaite «prendre des solutions radicales pour mettre fin au scandale des déserts médicaux.» «Il faut dégager du temps aux médecins pour qu'ils puissent mieux travailler et voir plus de patients. Il faut également régulariser les médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins et que nous laissons dans une précarité administrative», a-t-il dit lors de sa conférence de presse ce mardi soir.
Après avoir rappelé que 2700 maisons France-service avaient ouvert ces dernières années pour rapprocher les services publics des citoyens, Emmanuel Macron a également demandé au gouvernement des «solutions plus radicales» en la matière et de «sortir des codes et des cases», pour lutter contre le «sentiment de déclassement».