« C’est Conclave avec du champagne » : Jeremy Strong raconte son expérience de juré au Festival de Cannes
Alors que le Festival de Cannes s’est achevé samedi soir, Jeremy Strong est revenu sur ses onze jours passés en tant que membre du jury pour cette 78e édition. Avec beaucoup d’humour, l’acteur américain de 46 ans a comparé cette expérience à celle que vivent les cardinaux pour l’élection d’un nouveau pape, comme elle est dépeinte dans le film oscarisé d’Edward Berger sorti en décembre. « C’est comme Conclave avec du champagne », a déclaré la star de la série Succession lors d’une conférence de presse après avoir récompensé Jafar Panahi de la palme d’or.
« C’est génial. J’ai été très inspiré par ce que j’ai vu sur la Croisette. Je ne suis pas près de les oublier. Ce fut une expérience vraiment merveilleuse, nous avons véritablement connecté avec ces personnes. C’est comme Conclave avec du champagne. C’était du pain béni ! », a déclaré Jeremy Strong. Le jury présidé par Juliette Binoche, également composé de Halle Berry, Payal Kapadia, Hong Sansoo, Alba Rohrwacher, Leïla Slimani, Dieudo Hamadi et Carlos Reygadas avait onze jours pour regarder et trancher sur les 22 films en compétition.
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« Une partie de l’humanité en nous »
« Ces onze jours pour moi ça a été toute une vie », révèle Jeremy Strong. Tous retiennent de ce festival une expérience très enrichissante, dans laquelle s’est nouée une véritable amitié. « J’ai l’impression qu’on s’est vraiment écoutés, qu’on a grandi ensemble pas seulement sur le cinéma mais sur notre sensibilité d’artiste. On porte une partie de l’humanité en nous avec ce cinéma », ajoute la présidente du jury, Juliette Binoche.
Un palmarès politique dont ne se cache pas le jury
Pour la palme d’or, la plus haute distinction du festival, le jury a décidé de récompenser Un simple accident de Jafar Panahi, dans lequel des anciens détenus iraniens sont tentés d’enterrer vivant l’agent de renseignements qui les a torturés. Une décision politique pour une édition très politique, dont ne s’est pas caché le jury. « Nous voulions rendre hommage à des films transcendants. Rappelez-vous ce qu’a dit Robert De Niro lors de l’ouverture du festival : les tout-puissants de ce monde ont peur de l’art et c’est ça le principe de Cannes », a déclaré Jeremy Strong. L’acteur en a également profité pour rappeler une citation du dramaturge norvégien Henrik Ibsen. « “Au plus profond, il y a un poème dans un poème. Et quand tu l’entendras, quand tu le saisiras, tu comprendras ma chanson.” Et j’ai l’impression que les films que nous avons vus ont ces poèmes à l’intérieur du poème qui nous permettent de saisir quelque chose d’ineffable qui m’a changé. »
De son côté, Juliette Binoche précise que récompenser Jafar Panahi est « un geste artistique, humain et politique car le réalisateur est dans un pays compliqué ». En « voyant le film, il y avait une telle évidence que c’est un film qui émerge d’un lieu de résistance, de survie et qui est complètement nécessaire aujourd’hui. Il nous semblait important de le mettre au plus haut ».