La Cour européenne des droits de l’homme condamne l’Italie pour la gestion de déchets toxiques par la mafia

Après des décennies d’un énorme scandale sanitaire, l’État italien a été condamné jeudi 30 janvier par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour son inaction face aux activités illégales d’enfouissement et d’incinération par la mafia de déchets dangereux. « L’État italien n’a pas répondu à la gravité de la situation avec la diligence et la célérité requises, bien qu’il ait eu connaissance du problème depuis de nombreuses années », écrit la Cour dans un communiqué.

La CEDH a ainsi jugé l’Italie en violation de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit « le droit à la vie ». À l’unanimité, les juges de Strasbourg ont donné deux ans à l’Italie pour « élaborer une stratégie exhaustive afin de répondre à la situation, mettre en place un mécanisme de contrôle indépendant et une plate-forme d’information publique ».

Un « arrêt historique »

L’affaire était portée par 41 citoyens italiens résidant dans les provinces de Caserte et de Naples et par cinq organisations basées en Campanie. Pour eux, le déversement, la mise en décharge et l’incinération de déchets industriels, souvent importés du nord de la péninsule, par des groupes criminels organisés, ont eu comme conséquence l’augmentation du taux de cancer et une pollution des eaux souterraines dans cette zone.

Les requérants soutenaient également que les autorités italiennes étaient au courant de ces pratiques illégales sur leur territoire. En 1997, le Parlement italien avait été informé par un repenti de la mafia de l’existence, au moins à partir de 1988, de l’enfouissement de déchets dangereux à grande échelle, mais ce n’est qu’en 2013 qu’il avait adopté un décret-loi délimitant la « terre des feux ».

« C’est un arrêt historique, très important, qui pousse à résoudre cet énorme problème », a déclaré à l’Agence France Presse Antonella Mascia, l’une des avocates des requérants. « Nous espérons que les autorités comprendront que cette décision (…) est une exhortation des autorités internationales à changer les choses. Nous espérons donc que d’ici deux ans tous ces projets restés jusqu’ici sur papier seront mis en œuvre de manière efficace. »

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