VIDEO. "J'ai décidé que je devais refuser" : dans l'armée israélienne, les désertions des réservistes se multiplient

En Israël, où l'armée est un ciment de la société, le service militaire est obligatoire : deux ans pour les femmes, trois ans pour les hommes. Tous rejoignent ensuite les rangs des 450 000 réservistes susceptibles d'être incorporés à tout moment. Mais depuis le début de l'année, les sources militaires elles-mêmes admettent que 60 000 d'entre eux n'auraient pas répondu à l'appel de cette guerre.

Yuval Ben Ari, lui, l'a fait dès le 7 octobre 2023, bien qu'il n'ait jamais voté pour le parti de Benyamin Nétanyahou. Mais en mars 2025, il a rendu son uniforme. Voici son témoignage dans cet extrait d'"Envoyé spécial".

Depuis le mois de janvier, Yuval s'était mis à suivre la page Facebook d'une activiste israélienne qui recense les femmes et les enfants tués ou blessés par Tsahal. Le 23 mars, une vidéo a fait basculer le quadragénaire qui servait dans l'infanterie à Rafah. Elle montre un convoi du Croissant-Rouge palestinien, en route au sud de la ville pour récupérer des blessés, puis les ambulances à l'arrêt, prises pour cible par l'armée israélienne.

"J'ai rendu ma tenue de combat, j'ai rendu mon arme, et voilà"

Une semaine plus tard, le Croissant-Rouge a mis au jour une fosse commune avec quinze cadavres de secouristes. Sur l'un d'eux, le téléphone avec la vidéo de l'attaque. Les ambulances ont elles aussi été enterrées. L'armée israélienne a déclaré les avoir également considérées comme suspectes.

"J'ai décidé que je devais refuser, que je devais m'opposer à ce qui allait se passer, témoigne Yuval, qui a alors quitté son bataillon. J'ai compris qu'on allait lancer une nouvelle offensive terrestre, et j'ai compris que rien ne justifiait de participer à ça." Famine, bombardements visant des convois humanitaires ou tuant des enfants... autant de crimes de guerre qui ne ramèneront pas les otages, estime-t-il.

"Alors j'ai parlé à mon officier, poursuit-il. Il a essayé de me convaincre de ne pas partir. Il a dit qu'ils avaient besoin de moi. (...) 'Je suis désolé', je lui ai dit. 'Je ne te reproche rien'. Puis je lui ai rendu ma tenue de combat, j'ai roulé jusqu'à la frontière, dans un véhicule militaire, j'ai rendu mon arme, et voilà."

Yuval encourt jusqu'à quinze ans de prison. Confrontée à des réfractaires de plus en plus nombreux, l'armée a décidé de ne pas le poursuivre.

Extrait de "Israël : ces soldats qui refusent la guerre", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 12 juin 2025.

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