Marche des fiertés 2025 : « Il faut s’unir contre le fascisme »

« Je participe pour la première fois à la Marché des Fiertés », lance Anaïs, 27 ans, étudiante en sciences politiques. « Pour moi, l’évènement est loin d’être une fête apolitique », ajoute-t-elle en jetant un regard à la foule qui l’entoure. Plusieurs camions loués par des associations de lutte pour les droits LGBTQIA +, sont stationnés rue de Rivoli à Paris. Des dizaines de drapeaux arc-en-ciel s’agitent dans les airs. « On est fières et révolutionnaires », est scandé puis repris en chœur. « Ce n’est pas un geste anodin de venir aujourd’hui dans un contexte où l’extrême droite ne cesse de monter. Manifester pour défendre nos droits fait figure d’acte de résistance. C’est d’autant plus crucial de les revendiquer quand on voit que d’autres pays, en Europe et dans le monde, répriment les personnes homosexuelles et transgenres », complète Anaïs.

Paillettes, talons hauts et lunettes multicolores sont au rendez-vous. L’heure est à la fête malgré les menaces que font peser des groupuscules identitaires depuis quelques jours. En début de semaine, le collectif « homonationaliste », Eros, a affirmé sur les réseaux sociaux vouloir s’infiltrer pour participer à la marche des fiertés de Paris. L’entourage de Bruno Retailleau et la préfecture de Paris ont demandé aux organisateurs d’assurer sa sécurité dans la manifestation, en dépit de la proximité revendiquée d’Eros à l’extrême droite. L’Inter-LGBT, qui coordonne la marche, a prévenu que si le collectif défile, le cortège ne partira pas. L’organisation de la marche a déjà dû accuser le coup d’un retrait de 25 000 euros de subventions que lui avait promis la région Île-de-France, car l’affiche de l’évènement n’a pas plu à sa présidente, Valérie Pécresse (Les Républicains, LR).

Les droits reculent au Royaume-Uni, aux États-Unis

Une « absurdité » selon Cannelle, 20, étudiante en maquillage et effet spéciaux. Originaire de Pau, elle participe à sa première marche des fiertés parisienne. « J’avais déjà fait des marches à Bordeaux ou Pau où j’y étais allé pour m’amuser. En tant que femme trans, je ressens beaucoup d’anxiété par rapport à ce qu’il se passe dans le monde. Quand on voit que les personnes trans sont en train de perdre tous leurs droits au Royaume-Uni ou aux États-Unis. En France, cela commence aussi à essaimer. La fachosphère prend une ampleur vraiment terrifiante », explique la jeune femme. « Cela fait un petit moment qu’on se reposait sur nos lauriers en pensant que nos droits étaient acquis. Il a fallu que Trump arrive au pouvoir pour que tout vacille. On fait les surpris mais tout cela était prévisible. Les fascistes n’ont jamais disparu ! C’est pour cela qu’il est important de militer pour que nos droits ne soient plus jamais attaqués », clame-t-elle. Son amie, Loïse, qui l’accompagne hoche la tête en signe d’approbation. « C’est important que les personnes queers puissent se réunir », explique l’étudiante en lettres de 24 ans, qui a fait le déplacement depuis Pau pour assister à la marche. « Hier soir, j’ai été à la Mutinerie, un bar lesbien. J’en ai presque pleuré d’émotion. Je viens de Mont-de-Marsan et, là-bas, il n’y a quasiment aucun lieu queer. C’est beau de voir qu’on est beaucoup plus nombreux qu’on ne le pense », sourit-elle en regardant la foule en liesse.

Porter un projet de société anticapitaliste et inclusif

Le cortège vient tout juste de démarrer dans une ambiance bon enfant. Lila*, 21 ans, étudiante en journalisme, originaire de Lille, accompagne également une amie. « C’est la première fois que je viens », lance-t-elle. Autour de la jeune fille, de la musique pop est crachée par d’énormes enceintes. « Je ne fais pas partie de la communauté LGBT. Pour autant, c’est essentiel d’être présente aujourd’hui pour montrer qu’on n’a pas peur des fascistes. Ces derniers attaquent non seulement la communauté queer mais également l’ensemble des droits humains ». Des centaines de manifestants, dansent sur la musique, au milieu des drapeaux arc-en-ciel. Torse nu et entièrement pailleté, Paul, 34 ans, designer, membre de l’association Le Refuge, n’aurait pour rien au monde manqué la marche. « Je pense qu’il est plus que jamais nécessaire de s’unir pour défendre nos droits et lutter contre le fascisme et la montée de l’extrême droite. C’est important pour gagner la guerre culturelle qu’elle mène depuis des mois. Pour cela, il faut proposer un projet de société anticapitaliste et inclusif ! » La guerre contre l’internationale réactionnaire LGBTphobe ne fait que commencer.