Le fabricant d'Ariane 6 s'inquiète des liens entre Giorgia Meloni et Elon Musk

Le rapprochement entre Giorgia Meloni et Elon Musk inquiète le secteur spatial européen. Le patron d'Arianegroup, qui produit la fusée Ariane 6, a dénoncé, vendredi 10 janvier, les "mouvements centrifuges" qui mettraient à mal la souveraineté spatiale de l'Europe, en réagissant au rapprochement entre la Première ministre italienne et le multimilliardaire américain.

"Notre culture, c'est la souveraineté européenne. Il est clair que les mouvements un peu centrifuges qui peuvent exister en Europe, c'est quelque chose qui nous préoccupe", a déclaré Martin Sion, le patron d'Arianegroup, société franco-allemande créée en 2015 et détenue à parts égales par Airbus et Safran. 

"La notion de préférence européenne doit être en haut de l'agenda des différents pays européens. Parce que s'il n'y a pas de marché européen, il n'y aura pas d'initiatives durables dans lesquelles il y a un développement avec de l'investissement privé", a poursuivi Martin Sion lors d'une rencontre organisée par l'AJPAE, association des journalistes de l'aérospatial.

"Lorsque des États européens prennent des décisions de lancer des satellites institutionnels sur des lanceurs non européens, c'est franchement quelque chose qui affaiblit notre activité", a-t-il ajouté.

Un contrat de cybersécurité ?

Dans la foulée de la visite éclair de Giorgia Meloni samedi chez le président élu Donald Trump en Floride, des médias italiens avaient affirmé que le gouvernement était en pourparlers avancés avec SpaceX pour un contrat de 1,5 milliard d'euros visant à fournir à l'Italie des télécommunications sécurisées.

Giorgia Meloni a nié jeudi avoir discuté avec Elon Musk d'un contrat de cybersécurité entre l'Italie et sa société SpaceX, mais elle a reconnu que SpaceX avait présenté au gouvernement "une technologie permettant de communiquer en sécurité au niveau national mais surtout au niveau planétaire, ce qui pour nous signifie surtout garantir des communications en sécurité avec nos représentations diplomatiques et, par exemple, nos contingents militaires à l'étranger".

Face aux puissances spatiales comme les États-Unis et la Chine, "pour que l'Europe tienne son rang de puissance mondiale, à un moment, il va falloir retrouver le chemin de la coopération", a souligné Martin Sion.

Dans l'attente d'Ariane 6 dont le vol inaugural s'est déroulé avec succès en juillet, l'Europe avait été privée d'accès à l'espace pendant un an alors que les Soyouz russes n'étaient plus utilisés après l'invasion russe de l'Ukraine, en février 2022.

Le prochain vol d'Ariane 6, son premier "opérationnel" avec le satellite d'observation militaire français CSO-3, initialement prévu en décembre, aura lieu "entre mi-février et fin mars", a déclaré vendredi Caroline Arnoux, responsable d'Arianespace, filiale d'Arianegroup.

Avec AFP