Mondiaux de patinage artistique : une médaille en chocolat riche de promesses et de leçons pour Adam Siao Him Fa à un an des Jeux olympiques
Tirer du positif de l'expérience vécue et mesurer le chemin parcouru : tel était l'état d'esprit d'Adam Siao Him sur ces Mondiaux. Avant son entrée en lice, le Français se disait déjà "très content" de ne serait-ce que pouvoir patiner à Boston (Etats-Unis). Alors s'il a bien glissé être "déçu" de passer à côté de la médaille de bronze pour moins de trois points samedi 29 mars, Adam Siao Him Fa avait surtout conscience que cette 4e place valait bien plus au regard d'une saison en dents de scie, ponctuée de blessures et de virus. À moins d'un an des JO de Milan, cette médaille en chocolat permet au patineur de poser des axes de travail avec l'objectif de se mêler à la lutte pour le podium olympique.
"Je sais que j'ai ma place. J'ai fait beaucoup d'erreurs sur cette compétition, sur le court comme le long. J'ai du recul là-dessus et je sais que je dois maintenant travailler sur ces erreurs", a assuré Adam Siao Him Fa, à l'issue de son programme long où il a chuté sur son second triple axel. Jeudi, envahi par le stress, le patineur tricolore avait chuté d'entrée sur son quadruple lutz lors du programme court. "Adam manque de confiance en lui cette année. Il a progressé en chorégraphie, il a de l'originalité dans ses pas mais il se raidit dans ses sauts car il n'a pas confiance. Les blessures font mal à la confiance", analyse Annick Dumont, ancienne entraîneure nationale et consultante pour France Télévisions.
Un enchaînement de pépins physiques
Neuvième à l'issue du programme court, Adam Siao Him Fa était dos au mur samedi soir. Une position qu'il affectionne car elle le libère d'une certaine pression. "Ce soir je suis passé outre le stress de la compétition que j'ai pu avoir sur le court. J'ai pris vraiment du plaisir à patiner pour le public", a confié le Tricolore, qui a raconté avoir visionné le film Dune – dont est extraite la musique de son programme libre – pour se plonger un peu plus dans la peau du personnage. "C'est le vrai Adam qu'on a vu ce soir. Il est resté dans le contrôle. Il s'est battu comme un lion, je suis fier de lui", souriait Cédric Tour, son entraîneur, pendant que son élève observait ses concurrents depuis le fauteuil de leader provisoire.
Après une brillante saison 2023-2024, marquée par un titre national, européen et le bronze mondial, Adam Siao Him Fa a ensuite connu des mois plus difficiles. Durant l'été, il s'est déchiré deux des trois ligaments de la cheville droite, ce qui a retardé sa reprise. Puis, il s'est de nouveau blessé à la cheville en fin d'année 2024. Avec seulement quatre semaines d'entraînement dans les jambes, il a dû se contenter du bronze aux Europe en janvier. Juste après, c'est un virus respiratoire qui a compromis ses entraînements durant un mois. Enfin à Boston, une douleur à la hanche gauche l'a fait souffrir. "Ma saison a été catastrophique du point de vue de la préparation", soufflait le Bordelais avant les Mondiaux.
Mieux aborder l'entrée en compétition
Alors qu'il avait multiplié les galas l'été dernier, sa participation à ces exhibitions sera plus réduite cette année, de l'aveu de son entraîneur. "En quelque sorte, cela tombe plutôt bien qu'il ait eu une année compliquée en saison pré-olympique, il va pouvoir en tirer des leçons", estime Nathalie Péchalat, consultante pour France Télévisions et ancienne danseuse sur glace. "Il y a du travail, c'est évident. On va faire le point sur toute la saison et essayer de trouver des solutions pour avancer", confirmait Cédric Tour.
"Il faut vraiment l'accompagner en dehors de l'entraînement. On doit être avec lui, s'assurer que les choses soient bien faites pour qu'il prenne soin de son corps."
Cédric Tour, entraîneur d'Adam Siao Him Fa
Parmi les chantiers identifiés arrive en tête celui du mental. Avec les exemples des programmes courts des Mondiaux 2024 (19e place) et 2025 (9e), l'entrée en compétition pose visiblement problème à Adam Siao Him Fa. "Il y a toujours l'aspect mental à travailler avec Adam, reconnaissait Cédric Tour auprès de l'AFP avant les championnats du monde. Il a tendance à être meilleur chasseur que chassé. Ce sont des choses qui ont été identifiées et on travaille dessus." Car si un patineur ne peut pas gagner uniquement sur son programme court, il peut en revanche y perdre gros.
Autre axe de travail possible : l'ajout de difficultés techniques. À Boston, Adam Siao Him Fa a pu présenter son quadruple lutz qu'il avait enlevé aux Europe. Mais avec quatre quadruples dans son programme, il reste à distance des six du prodige américain Ilia Malinin, dont le quadruple axel qu'il est le seul à maîtriser au monde. "À l'origine, je voulais ajouter cette année le quadruple flip comme cinquième quadruple, a précisé Adam Siao Him Fa. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. L'objectif est donc de l'ajouter l'an prochain. On va voir comment les choses avancent." Les bases sont posées, reste désormais à construire la suite.