Agression du rabbin d'Orléans : "Qui peut penser que s'attaquer à des juifs en France aiderait d'une manière ou d'une autre la cause palestinienne ?", déplore le président du Crif
"Qui peut penser que s'attaquer à des juifs en France aiderait d'une manière ou d'une autre la cause palestinienne ?", a déploré Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), après l'agression du rabbin dans le centre-ville d'Orléans samedi 22 mars. Il dénonce un "climat délétère".
D'après Yonathan Arfi, la justification des auteurs d'actes antisémites en France est "toujours la même, c'est celle du conflit israélo-palestinien". "Comme si s'attaquer à des juifs en France était légitime au nom d'un conflit qui se déroule au Proche-Orient", a-t-il regretté, dénonçant ainsi "un raccourci coupable", symbole de l'antisémitisme actuel en France.
Les actes antisémites représentent 62% des actes antireligieux
"Les actes antisémites ont explosé, on parle quand même d'une augmentation de 1000% sur les trois mois qui avaient suivi le 7-Octobre et des chiffres qui dorénavant se comptent en milliers d'actes par an, contre simplement quelques centaines ou quelques dizaines même il y a quelques dizaines d'années", a noté le président du Crif.
En 2024, un total de 1 570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur, contre 1 676 l'année précédente, selon les données compilées, soit un chiffre en baisse de 6%. Les actes antisémites représentent 62% des actes antireligieux et prennent la forme, dans 65% des cas, d’atteintes aux personnes (ce qui n’est pas le cas des autres religions pour lesquelles les atteintes aux biens sont majoritaires). Des atteintes à la personne en hausse de 3%, entre 2023 et 2024.
"Un poison lent"
Ce dernier a tenu aussi à souligner que la "lutte contre l'antisémitisme n'a pas été évoquée dans les manifestations" samedi. Plus d'une centaine de manifestations ont en effet eu lieu partout en France pour dénoncer le racisme, à l'occasion de la journée mondiale pour l'élimination de la discrimination raciale. Elles ont rassemblé 90 900 personnes en France, dont 21 500 à Paris, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur.
Cet amalgame entre la politique pratiquée par Israël au Proche-Orient et les juifs de France est un "poison lent qui est en train, peu à peu, notamment chez les plus jeunes de nos concitoyens, de poser les bases d'une société violente, communautarisée, complètement aux antipodes du projet républicain", a dénoncé Yonathan Arfi. Ce dernier plaide pour une République qui "a la possibilité de permettre à chacun de s'émanciper de sa condition des assignations identitaires".