TEMOIGNAGES. "J'aimerais juste pouvoir avoir un bout de pain pour mes enfants" : à Gaza, un père de famille décrit une "situation catastrophique"

Une déclaration tripartite qui pourrait avoir des conséquences. Emmanuel Macron et les Premiers ministres britannique et canadien ont annoncé, lundi 19 mai, être déterminés à reconnaître un État palestinien. Ils ont précisé "qu'ils ne resteraient pas les bras croisés" face aux "actions scandaleuses" du gouvernement de Benjamin Nétanyahou à Gaza. Dans leur viseur, l'offensive violente en cours et l'aide humanitaire largement insuffisante qui est entrée dans l'enclave.

Dans le nord de la bande de Gaza, Mohamed ne compte plus les ordres d'évacuation. Le dernier date de dimanche. Il a rapidement quitté son abri de fortune dans le nord de l'enclave, puis il a marché une vingtaine de kilomètres. "Dans le Nord, la situation est catastrophique, décrit-il, ils nous empêchent de rester sur nos terres pour nous pousser à partir. Ils nous ont bombardés. On est partis sous un feu nourri. De toute façon, je n'ai plus de maison. On a rassemblé les quelques affaires qu'il nous reste et on est venu ici, dans le centre de la bande de Gaza, à Nuseirat." 

"En tant que Palestiniens, en tant que Gazaouis, nous n'avons rien fait pour mériter ça."

Mohamed, père de famille gazaoui

à franceinfo

À Nuseirat, comme ailleurs, les prix des denrées de base explosent. Mohamed doit essayer de nourrir ses enfants, son épouse et puis aider ses sœurs et leur famille. "On n'en peut plus, j'aimerais juste pouvoir avoir un bout de pain pour mes enfants. Et tous ces pays à l'étranger, hypocrites et complices qui ne veulent rien faire pour protéger les civils innocents. Nous n'avons rien à voir avec cette guerre", implore Mohamed.

"Une quantité minimale de nourriture"

Sous la pression des Américains et des Européens. Benjamin Nétanyahou a accepté, lundi, de livrer "une quantité minimale de nourriture". Cinq camions sont entrés, selon l'armée israélienne. C'est 100 fois moins que les livraisons quotidiennes pendant la dernière trêve. "Ce nombre est négligeable, c'est une goutte d'eau dans l'océan si on compare aux besoins actuels, explique Olga Cherevko qui travaille pour Ocha, le Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies. Notre espoir, c'est que ça augmente. Et je ne parle pas que de l'aide humanitaire, mais d'une levée totale du blocus. Ça concerne aussi le secteur privé, ce qui permettrait aux gens de reconstruire."

Lundi, Ocha a annoncé avoir été contacté par les Israéliens pour les aider à acheminer de l'aide à Gaza, alors que jusque-là, l'État hébreu a systématiquement critiqué un système qui, selon ses dirigeants, permet au Hamas de s'accaparer de la nourriture, du fuel et des médicaments.