US Open : une débâcle de plus pour le tennis français
En 2015, Benoît Paire, Jo-Wilfried Tsonga, Jérémy Chardy et Richard Gasquet étaient devenus le premier quatuor français à atteindre les quarts de finale à l’US Open. Neuf ans plus tard, l’histoire est bien différente. En 2024, le tennis français continue de traverser une zone de turbulence qui a fait des dégâts à New York. Arthur Fils, le dernier Français encore en lice au deuxième tour à Flushing Meadows, a été éliminé dans la nuit de jeudi à vendredi par Gabriel Diallo, 143e mondial et issue des qualifications.
Un match décevant du Francilien, qui aura certes régalé le public avec un coup entre les jambes, sans être en mesure de mettre en place son jeu pour poursuivre son aventure à New York. Une déception qui s’ajoute aux éliminations de ses compatriotes avec, notamment, un zéro sur sept, mercredi soir, pour mettre un peu plus en lumière les fragilités du tennis français dans les tournois majeurs.
Un signal d’alerte
Les Français seront absents du troisième tour dans le tableau masculin pour une triste première depuis 1995. Les Tricolores ne pourront compter que sur Jessika Ponchet, grâce à l’abandon d’Elena Rybakina (4e mondiale), pour défendre les chances françaises en 16es de finale. Ce samedi, la Bayonnaise, issue des qualifications, y affrontera Caroline Wozniacki (71e mondiale).
Loin de son meilleur niveau, la numéro 1 française, Caroline Garcia, a été la première à s’effondrer, mardi 27 août, dès le premier tour. Touchée mentalement, elle s’était confiée sur le burn-out et la fatigue psychique qu’elle traverse. « C’est douloureux en ce moment de jouer au tennis. Je ne passe pas un très bon moment (…) Des fois, tu as l’impression de courir dans la roue (comme un hamster), de chercher un moment pour en sortir et tu n’y arrives pas », admettait la Française en conférence de presse.
Un triste symbole. Et, avec elle, le tennis tricolore traîne son spleen aux États-Unis après une saison décevante et un rendez-vous manqué aux Jeux olympiques. À Paris, les Français s’étaient arrêtés aux portes des quarts de finale. Ce qui ne s’était pas produit depuis Atlanta 1996. Un signal d’alerte pour la Fédération française de tennis (FFT), dont la gestion est remise en cause en interne. En février, Le Figaro s’était procuré un courrier anonyme adressé à la FFT. Des « salariés en détresse » décrivaient un environnement de travail toxique qui a poussé 150 employés à quitter le navire en trois ans. Au centre de toutes les attentions, la présidence de Gilles Moretton… était dans le viseur.
Un fossé générationnel
En lice pour sa réélection en décembre, l’homme de 66 ans, qui souhaite mettre en place une politique sportive pour que les Français intègrent le top 10 mondial, va devoir défendre son bilan contesté, le 14 décembre, devant l’assemblée générale élective. Pourtant, les Français n’ont plus atteint ce classement depuis Gaël Monfils en 2016 (7e) et Caroline Garcia en 2018 (2e). Et la nouvelle génération peine à se structurer autour d’Arthur Fils. La situation chez les juniors est, elle, plus inquiétante avec aucun garçon dans le top 10 et la première Française qui pointe à la 83e place. Sachant que de plus en plus de talents s’expatrient outre-Atlantique pour bénéficier des infrastructures et de l’accompagnement des universités américaines, à l’instar d’Arthur Rinderknech.
Après l’échec des Jeux olympiques, Ivan Ljubicic, le directeur du haut niveau national, a proposé sa démission. « Les résultats sont catastrophiques. On ne peut pas dire autre chose que ça », a reconnu le Croate. Mais la Fédération a décidé de le maintenir en poste en expliquant que « les récents résultats, bien que perfectibles, témoignent d’une dynamique positive qui doit être poursuivie et amplifiée. »
Pourtant, le ciel continue de s’assombrir au-dessus du tennis français avec cet US Open raté. En septembre, les Français devront répondre présents en Coupe Davis à Valence. Le programme copieux qui s’annonce pourrait fragiliser encore un peu plus la « dynamique positive » du tennis tricolore face à l’Espagne, l’Australie et la République tchèque.