Réarmement de la France : le frein de la régulation pour les investissements dans l’armement
L’expression "le nerf de la guerre", pour parler d’argent, n’a jamais pris autant de sens. La Fédération bancaire française assure que le secteur soutient aujourd’hui l’industrie de défense à hauteur d’une quarantaine de milliards d’euros, pour l’essentiel à travers des crédits. Cette quarantaine de milliards est mobilisée par les six grands groupes bancaires français : BPCE (Banque Populaire Caisse d’Epargne), BNP Paribas, Société Générale, le Crédit Agricole, ou encore la Banque Postale. S’y ajoutent au moins 12 milliards d’euros de prêts aux clients pour acheter du matériel de défense.
Les assureurs participent aussi au soutien du secteur. La couverture assurantielle des activités liées à la défense représente aujourd’hui environ 20 milliards d’euros. Lors de la réunion au ministère de l’Économie jeudi 19 mars, les grandes compagnies d’assurances ont parlé des critères qui encadrent leurs placements dans le secteur militaire et la manière dont elles peuvent aller plus loin. Mais banquiers et assureurs marchent sur des œufs pour des raisons de régulation : les ONG (Organisations non gouvernementales) exercent une forte pression et dénoncent les investissements dans l’armement comme non-éthiques.
Une révision des règles ?
Il est aussi question des normes ESG (Environnement Sociétales et Gouvernance). Elles se retrouvent au cœur de la réflexion, car elles freinent les investissements. Tout un pan de régulation du secteur industriel et bancaire dont beaucoup d’acteurs demandent une révision. C'est très probablement le prochain chantier, mais une évolution de la régulation ne pourra se faire qu'au niveau européen.
Banquiers et assureurs sont donc en première ligne dans l'effort de défense pour soutenir les entreprises : neuf grands groupes dont Dassault, Thales, Safran, ou encore MBDA, mais aussi et surtout 4 500 PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire), qui font travailler quelque 210 000 personnes.