Réarmement de la France : "Ça ne peut pas et ne doit pas être le retour du quoi qu'il en coûte", prévient le gouverneur de la Banque de France

Le réarmement de la France "ne peut pas et ne doit pas être le retour du quoi qu'il en coûte", déclare ce vendredi matin sur France Inter le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Dans une allocution le 5 mars, Emmanuel Macron a appelé à des "investissements supplémentaires" dans la défense, "devenus indispensables" face à la "menace russe".

"Ça ne peut pas être et ça ne doit pas être le retour du quoi qu'il en coûte. Ça doit être, et c'est l'espoir que je manifeste, le réveil militaire de l'Europe mais aussi son réveil économique et financier. Ne séparons pas les deux car il faut financer ce surcroit de dépense par un surcroit de croissance européenne et française et nous en avons les moyens", estime François Villeroy de Galhau.

"Aujourd'hui, on parle de l'effort de défense mais on risque d'oublier la deuxième jambe qui est le renforcement de la croissance européenne", alerte-t-il. "Il y a la question de savoir qui prête aujourd'hui, mais la vraie question est de comment on va bien rembourser demain parce que quelle que soit la source de financement, c'est du crédit et de la dette supplémentaire. Or, pour bien rembourser cette dette demain, il faut à la fois arrêter la croissance de dépenses publiques en France et augmenter la croissance de l'économie."

La "victoire" contre l'inflation va relancer la consommation

Le gouverneur de la Banque de France décrit un paysage économique actuel dans lequel "il y a du bon et du très mauvais". "Le très mauvais, c'est la politique de monsieur Trump", dit François Villeroy de Galhau, évoquant notamment les droits de douane imposés par le président américain. "L'Union européenne a les moyens de représailles mais il faut souhaiter que l'escalade s'arrête", souligne-t-il.

"Ce qui se passe aux États-Unis est une mauvaise nouvelle d'abord pour l'économie américaine" car "l'économie, c'est créer de la prospérité ensemble, on échange des talents, des idées, des produits, des innovations". "On a aujourd'hui cette situation stupéfiante, alors que l'économie américaine allait très bien en début d'année, certains révisent à la baisse leurs prévisions de croissance américaine et commencent à parler d'un risque de récession aux États-Unis, donc c'est une politique perdante", insiste-t-il.

Cela a aussi des conséquences pour les autres pays, et face à cela, le gouverneur de la Banque de France appelle à un "surcroit de volonté européenne", avec "plus de croissance". Il estime que "l'espoir, c'est l'Europe". D'autant que "la victoire" contre l'inflation "est assurée en France, et en cours en Europe", souligne-t-il. "Nos prévisions le confirment, l'inflation est revenue autour d'1% en France et va revenir vers 2% en moyenne européenne. On ne reviendra pas en arrière sur les prix, mais pendant ce temps-là, les salaires, les retraites, les prestations sociales ont aussi augmenté". Cela a deux conséquences positives pour les Français : la baisse des taux d'intérêt et le "retour du pouvoir d'achat sur les salaires. Depuis l'année dernière, les prix augmentent moins vite que les salaires et cela devrait nourrir la consommation des ménages."