Durcissement du malus auto : "Les gens se tournent vers le marché de l'occasion, donc des voitures plus anciennes et polluantes", selon le directeur de l'Observatoire Cetelem

Le budget adopté à l'Assemblée nationale mercredi introduit de nouveaux barèmes pour le malus écologique automobile dès le 1er mars. Il prévoit un abaissement du seuil de déclenchement de la taxe à 113g/km de CO2 contre 118g/km auparavant, avec pour conséquence directe pour le consommateur une augmentation des prix des véhicules neufs. "Les gens se tournent vers le marché de l'occasion, donc des voitures plus anciennes et polluantes", analyse mercredi 6 février sur franceinfo Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem qui étudie les habitudes de consommation.

Cet abaissement du seuil a un effet direct sur le prix des véhicules neufs à l'achat, avec de 50 euros à 70 000 euros de malus. Mais surtout, de plus en plus de voitures sont concernées, souligne l'expert, "des modèles populaires et qui sont vraiment dans le cœur de gamme de nos constructeurs français". Les acheteurs se tournent donc vers le marché de l'occasion. Mais le parc roulant est vieillissant, "un peu plus de 11 ans d'âge", et "plus un véhicule est âgé, plus il est polluant ou moins performant sur le plan environnemental".

Une mesure contre-productive

"Aujourd'hui, quand on regarde les ventes de véhicules neufs, on a un marché qui est très faible en France. En 2024, par exemple, on se situe à 1,7 million de voitures vendues alors qu'en 2019, on était à 2,2 millions. Donc il y a déjà 500 000 voitures en moins par rapport à ce que nous faisions avant la crise sanitaire. Et la cause principale, c'est le prix élevé de ces voitures. Le fait d'augmenter les malus, évidemment, va aggraver ce problème de prix élevé, ça devient dissuasif", explique Flavien Neuvy.

Du point de vue budgétaire, analyse le directeur de l'Observatoire Cetelem, la mesure est d'ailleurs contre-productive : "Quand vous vendez 500 000 voitures en moins par rapport à ce que nous faisions avant, c'est 500 000 voitures avec TVA qui manquent à l'appel pour le budget de l'État. Et les montants de TVA sont très importants puisque les prix de vente sont très élevés."