Défilé sur la Seine, Aya Nakamura, dissolution de l’Assemblée : plongée dans les coulisses inédites de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024
Ce soir-là, ils pensaient être au courant de toutes les surprises. Jusqu’à découvrir le tweet d’Emmanuel Macron, encore dans la tribune officielle, d’un culot tel qu’il fait enrager l’équipe artistique à l’origine de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024. « Mais le mec se fout de notre gueule ! » hallucine l’un des architectes.
Comment ne pas rouler des yeux devant les trois mots choisis par le chef de l’État pour célébrer la performance d’Aya Nakamura, accompagnée des déhanchés un poil rigides de la Garde républicaine ? « En même temps », slogan censé encapsuler l’essence du macronisme.
Une récupération qui passe d’autant plus mal lorsqu’on sait que ce tableau, l’un des plus marquants pour ce qu’il raconte d’une France « en même temps » universelle et plurielle, a bien failli finir à la poubelle.
Tensions autour d’Aya Nakamura
Emmanuel Macron n’en voulait pas. Ou plutôt pas comme ça. Au point d’engager, pendant plusieurs semaines, un bras de fer long avec les concepteurs du spectacle. L’un d’eux parle « sans hésiter de la discussion la plus intense » ; un autre d’une « grosse guerre » avec le président.
Jamais le locataire de l’Élysée ne remet directement en cause le casting de cette artiste, cible favorite de l’extrême droite. Même dans les couloirs du Palais où certains conseillers rêvent de Michel Sardou, on n’ose imaginer priver les milliards de téléspectateurs de la chanteuse française la plus écoutée au monde sur les plateformes de streaming.
Régulièrement, lors des points d’étape assurés par les « 3 T » (Tony Estanguet, président du comité d’organisation, Thierry Reboul, directeur des cérémonies, et Thomas Jolly, leur directeur artistique), Emmanuel Macron en fait pourtant un sujet de tensions.
Et peu importe si la bande-son est déjà en boîte et la chorégraphie ficelée. Il ne veut pas qu’Aya Nakamura reprenne des chansons issues de son répertoire, à savoir Pookie et Djadja mêlées au For me formidable d’Aznavour. Parce qu’aucun autre « top artist » n’a d’ailleurs droit à ce privilège, argue-t-il. « C’était une forme d’incohérence que l’on justifiait par le message à faire passer mais que les esprits trop rationnels relèvent », décrypte Thierry Reboul.
Un spectacle politique d’ampleur internationale
Faut-il céder aux désidératas de celui qui les avait jusqu’ici laissés très libres ? « La question s’est posée », reconnaît un membre de l’équipe de scénaristes, qui se prépare à changer...