« Ici c’est Paris, pas le marché de Bamako » : le groupe identitaire « les Natifs » jugés pour injure raciste à l’encontre d’Aya Nakamura
Dans la soirée du 8 mars 2024, alors que la rumeur de la participation d’Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques prend de l’ampleur dans les médias et sur les réseaux sociaux, une quinzaine de personnes se rassemblent sur l’île Saint-Louis, à Paris. Ils déploient alors une banderole sur laquelle est inscrit : « Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris pas le marché de Bamako ». La photo est d’abord publiée sur les réseaux sociaux du groupuscule identitaire « Les Natifs », puis relayé par le média d’extrême droite « Livre noir », désormais nommé « Frontières ».
13 membres de cette résurgence de Génération Identitaire comparaissent mercredi 4 juin à partir de 13 h 30 devant le tribunal correctionnel de Paris pour provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ou pour complicité de provocation à la haine.
« Les Natifs », héritier de Génération Identitaire
Les treize prévenus, âgés de 20 à 31 ans, sont membres, ou proches, des Natifs, qui défendent la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement ». Héritiers du groupuscule Génération identitaire, dissous en 2021, les militants déploraient sur leurs réseaux sociaux de « remplacer l’élégance française par la vulgarité, africaniser nos chansons populaires et évincer le peuple de souche au profit de l’immigration extra-européenne ».
Parmi les prévenus figure Capucine C., 22 ans, une chargée de communication qui indique sur son site LinkedIn avoir été, jusqu’en mars 2025, « collaborateur parlementaire » à l’Assemblée nationale, « en charge de la communication et du travail législatif et rédactionnel » d’élus RN. Doit également comparaître Antoine G., un juriste de 27 ans, porte-parole du groupuscule identitaire, et Édouard M., cadre financier âgé de 28 ans, chef des Natifs. Figure également Marine de C., 24 ans, sœur cadette du fondateur du groupuscule d’ultradroite les « Zouaves de Paris », dissous en janvier 2022.
Des échanges des militants, révélés par StreetPress et Mediapart, témoignent de l’implication et du racisme des membres des Natifs. La première version du slogan était « Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas Kinshasa ! ». « Elle est Malienne hein pas Congolaise, t’sais le bandeur d’Afrique […] mais on peut laisser elle est noire quoi » fait remarquer un participant. « Après on est raciste donc on s’en fout », ironise un autre. « Ptdr j’avoue », reconnaît un troisième.
Le groupuscule « Les Natifs » avait déjà fait parler de lui en décembre 2023, pour avoir organisé un rassemblement à Paris de plusieurs dizaines de militants, en hommage à Thomas, ce jeune homme de 16 ans tué à la sortie d’une fête de village à Crépol (Drôme). En mars dernier, ils avaient également recouvert de draps noirs des portraits de femmes voilées exposés dans la basilique Saint-Denis, après avoir mené une violente campagne de harcèlement contre l’exposition et l’artiste à son origine. Les militants avaient remplacé le portrait de ces trois personnages par des figures « indissociables de l’identité française ». Sur leurs réseaux sociaux, les militants dénonçaient alors une « propagande immigrationniste », une exposition qui sert « un discours ”décolonial”, multiculturel, absurde », une « tentative de réécrire l’histoire », un « manque de respect envers nos traditions » … Un condensé de haine.
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