Tour de France 2025 : le retour de Julian Alaphilippe, entre nouveauté, force de l’habitude et esprit revanchard
Si certains en doutaient, la rock star du peloton, c’est toujours lui. À 33 ans, Julian Alaphilippe garde le costume de chouchou du public tricolore, qui l’acclame partout où il pose ses roues. De quoi presque faire couler des larmes sur son mythique bouc façon d’Artagnan, lors de la présentation des équipes à Lille, jeudi 3 juillet. "L’ambiance est bouillante, ça m’avait manqué. Ça fait vraiment chaud au cœur, c’est chouette. Un grand merci à tout le monde", savourait alors le vainqueur du jour à l'applaudimètre, devant Tadej Poagacar et les Belges Wout van Aert et Remco Evenepoel.
Absent en 2024, après avoir disputé le Giro et préférant préparer la course olympique, Julian Alaphilippe a pris, samedi, le départ de son septième Tour de France en neuf ans. Une course qui a fait du double champion du monde la coqueluche du public français. Et pour cause, "Loulou" y a levé les bras à six reprises depuis 2018, tout en remportant le maillot à pois en 2018, mais surtout en passant 18 jours en jaune au total, dont 14 en 2019. Un large bilan qui ne le rassasie toutefois pas : "Le maillot jaune, c’est toujours un rêve. Je veux donner le maximum, n’avoir aucun regret à Paris, saisir les opportunités."
La revanche de d'Artagnan
Vainqueur d’étape en 2018, 2019, 2020 et 2021, et donc habitué à briller sur la route du Tour, Julian Alaphilippe s’est élancé sur cette 112e édition avec la force de l’habitude. Mais aussi avec un certain esprit revanchard. Forfait en 2022, frustré car sans victoire en 2023, et absent en 2024, le double champion du monde entend remettre les pendules à l'heure, avec le maillot Tudor sur le dos, même s'il est diminué par un virus depuis le départ.
"Je ne suis pas là pour faire coucou, même si je suis reconnaissant du soutien du public. Je ne me repose pas pour ça, j’ai envie d’encore donner des belles choses, de vivre des belles émotions, de faire rêver les jeunes et les gens", a-t-il annoncé avant le départ. Après deux jours de course, il a déjà prouvé que les jambes étaient bonnes en terminant 5e d'une arrivée royale au pied du château des comtes de Boulogne, dimanche, derrière Van der Poel, Pogacar, Vingegaard et Vauquelin. "Je suis content de me sentir mieux, ça me donne confiance pour les jours à venir", a reconnu le Français à l'arrivée.
D’autant que Julian Alaphilippe est doté d'un nouveau maillot sur le dos, celui de l’équipe suisse Tudor, qu’il a rejointe cet hiver après n’avoir connu que la Soudal-Quick Step pendant onze ans. Depuis l’émergence de Remco Evenepoel, le Français n’était plus le numéro un dans l’équipe belge, et souvent la cible des critiques de Patrick Lefévère, patron emblématique du Wolfpack. Un contexte qui a sans doute contribué, en partie, à la baisse de régime du Français, vainqueur de trois courses seulement en 2023.
"Je me sens très bien dans cette équipe. Je n’avais jamais perdu le plaisir, mais le fait d’être dans un nouvel environnement, ça me motive. Je me sens vraiment bien."
Julian Alaphilippeà franceinfo: sport
"Je suis super heureux d’être de retour sur le Tour de France, et de le faire avec ma nouvelle équipe qui découvre la course. Ça va être spécial. On a une équipe forte et homogène", a annoncé le Français avant le début de la course. Toujours muet pour le moment en 2024, malgré un très bon Tour de Suisse en juin (5e du général), Julian Alaphilippe ne cache pas sa faim de victoire : "Je suis énervé là… Ça m’est déjà arrivé de prendre le départ du Tour sans avoir gagné depuis le début de la saison, il faut rester calme. J’ai fait tout ce que je pouvais dans ma préparation". Car s’il a changé de crémerie cet hiver, le D’Artagnan du peloton n’a pas changé ses habitudes d’avant Tour, avec un long stage en altitude.
Faire parler l'expérience, et les jambes
"Je serai toujours plus un puncheur qu’un grimpeur", rappelle "Alaf", qui vise surtout les nombreuses étapes pour puncheurs de la première semaine. "Je l’aime bien ce début de Tour, avec beaucoup d’opportunités. La suite sera très dure mais c’est un long chemin jusqu’à Paris, il faudra être fort et patient", anticipe celui qui, malgré ses 6 victoires d’étape sur le Tour, est toujours aussi affamé après trois années de galère .
"Gagner une étape maintenant aurait une saveur différente. Chaque victoire sur le Tour est unique, mais gagner cette année après les dernières saisons qui ont été plus difficiles, ce serait magnifique."
Julian Alaphilippeà franceinfo: sport
Pour cela, Julian Alaphilippe peut compter sur une formation expérimentée, malgré son statut d’équipe invitée, avec notamment Matteo Trentin, Marco Haller, Marc Hirschi et Michael Storer. "L’expérience est toujours importante, pour savoir rester calme. On est habitué à courir ensemble, on connaît les qualités de chacun, et la première, c’est notre motivation. On a faim, prévient le double champion du monde, Ce serait un Tour réussi pour nous si on peut gagner une étape et que tout le monde arrive à Paris". Encore un peu plus si cette victoire d'étape était signée de la pointe de l'épée du D'Artagnan du peloton.