Tour de France 2025 : Tudor, une première invitation pour une ambitieuse équipe pas comme les autres
Fondée en 2018, sponsorisée par Tudor en 2022, ProTeam en 2023 (seconde division mondiale) et déjà sur le Tour de France en 2025, l’équipe suisse ne perd pas de temps. "J’étais un coureur qui allait vite, donc c’est normal", rigolait son propriétaire, Fabian Cancellara, ancien champion du monde et champion olympique du contre-la-montre, avant le Grand Départ du Tour, donné samedi 5 juillet. A la tête de la formation depuis 2022, il a amené l’entreprise d’horlogerie dans ses bagages pour faire grandir l’équipe et attirer des coureurs de renom dont Julian Alaphilippe.
Une étape de Paris-Nice remportée en 2024, une nouvelle en 2025, la victoire au classement général sur le Tour des Alpes… Si des mauvaises langues ont pu affirmer que Tudor n’était invitée sur le Tour de France qu’en raison de la présence du champion français dans ses rangs, ses résultats parlent pour elle. Au classement UCI des équipes, elle figure devant des formations World Tour (première division), comme Arkea-B&B Hôtels, Intermarché-Wanty ou encore Jayco AlUla.
"Évidemment, l’arrivée de Julian Alaphilippe joue, concède Christian Prudhomme, le patron du Tour, auprès de franceinfo: sport. Mais aussi d’autres coureurs de talents, comme Marc Hirschi ou Michael Storer et évidemment Matteo Trentin. Ce n’est pas que Julian Alaphilippe, ça compte, mais il y a une vraie équipe". Au total, les coureurs de la formation suisse pèsent 19 victoires d’étapes en Grand Tour : six pour Alaphilippe, sept pour Matteo Trentin, trois pour Alberto Dainese, deux pour Michael Storer et une pour Marc Hirschi. Aux côtés de ces coureurs expérimentés, quelques jeunes pousses se font une place chaque année, comme le Français Mathys Rondel, passé par l’équipe de développement de Tudor. Car l’équipe suisse en compte une, ce qui n’est pas le cas de toutes les équipes World Tour.
"Honnêtement, je ne vois aucune différence en termes d’organisation, de structure ou d’expertise. C’est très similaire", soulignait le Suisse Marc Hirschi en début de saison, alors qu’il arrivait en provenance de l’équipe UAE Team Emirates de Tadej Pogacar. Pour la formation suisse, il sera compliqué de figurer parmi les 18 meilleures équipes du monde sur le cycle 2023-2025, afin d’obtenir une licence World Tour pour le prochain cycle entre 2026 et 2028. Mais elle peut tenter de figurer parmi les deux meilleures ProTeams pour s’assurer des invitations pour les trois Grands Tours en 2026.
"Pas là pour les échappées publicitaires"
"L’objectif, c’est d’être à la lutte avec les meilleures équipes du monde, on ne s’en cache pas", expliquait Mathys Rondel sur le Critérium du Dauphiné, en juin. Pour cela, Tudor ne se comporte pas comme d’autres équipes invitées, qui envoient régulièrement des hommes à l’avant pour montrer le maillot et le sponsor, même si les échappées sont vouées à l’échec. "On n’est pas là pour faire des échappées publicitaires. On va courir sans gêne et sans complexe", confirme Julian Alaphilippe. "Sur les étapes de sprint, ça ne sert à rien de mettre quelqu’un dans l’échappée, donc on ne le fait pas. C’est aussi cramer des cartouches en vue des journées suivantes. Le but n’est pas d’être dans l’échappée pour y être, mais seulement d’y être dans un objectif tactique", explique Mathys Rondel.
Sur ce Tour de France, l’équipe suisse ne présente pas de leader pour le classement général et visera des victoires d’étapes. Peut-être dès dimanche à Boulogne-sur-mer ou lundi à Dunkerque pour Julian Alaphilippe. Et que serait un Tour de France réussi pour Tudor ? "Que tous les coureurs arrivent à Paris", répondent le Français et Fabian Cancellara.