« Je tiens à ce que l’on arrête de minimiser les faits » : Gérard Depardieu mis face à ses contradictions par « Sarah »
Les journées se suivent et se ressemblent pour le comédien Gérard Depardieu. Mardi 25 mars avait été le théâtre d’une première mise à l’épreuve pour l’acteur accusé d’agression sexuelle par deux femmes, lors du tournage du film les Volets verts (2021).
Appelé à s’exprimer à la barre du tribunal judiciaire de Paris, l’acteur avait alors enchaîné les approximations. Alors qu’il avait réfuté tout contact physique avec la victime présumée, Amélie K., lors de son interrogatoire, il a finalement avoué l’avoir « attrapée par les hanches, comme j’attrape cette barre ». Il affirme être une victime d’un « mouvement » qui « va devenir une terreur », à savoir #MeToo.
« Il observe énormément tout le monde »
Sa prestation avait surtout mis en lumière le sentiment de peur qui imprégnait un plateau de tournage en présence de Gérard Depardieu. De longues journées durant lesquelles le comédien multiplie les formules à connotation sexuelle et les attouchements, accusent les plaignantes. Ce troisième jour de procès, mercredi 26 mars, ne déroge pas à la règle. La seconde victime présumée, Sarah (le prénom a été modifié), a ainsi pu s’exprimer en fin de matinée. « Je tiens à ce que l’on entende la vérité et que l’on arrête de minimiser les faits », lance-t-elle, quand le Président lui demande ce qu’elle retient de ce procès.
Pour rappel, cette dernière accuse le comédien de lui avoir mis sa main sur les fesses le 31 août 2021, sur le tournage des Volets verts, puis d’avoir touché sa poitrine – elle ne se souvient plus de la date ou du lieu -, et ce, alors qu’elle lui avait explicitement dit « non ». Gérard Depardieu l’aurait alors bloqué, avant de toucher sa poitrine en un geste délibéré. Sarah accuse enfin l’acteur de lui avoir touché les fesses une seconde fois, durant le tournage.
« Il observe énormément tout le monde et, après, il l’utilise pour humilier, résume Sarah au tribunal. À cette époque, je vivais une séparation difficile, il a entendu et après, il s’est foutu de moi. Ce n’était pas un environnement sain. » Quand je suis arrivée sur le plateau de tournage, je savais que c’était une possibilité car on m’en avait parlé. Et quand c’est arrivé, je me suis dit : « Ah, je n’ai pas réussi à éviter. »
S’ensuit une longue période calvaire pour la victime présumée, qui explique avoir tenté de gérer la situation seule. Elle en parle à sa famille, son compagnon, à qui elle décrit un homme grossier qui sexualisait tout. « Bon j’ai des petits soucis avec Gérard, il m’a touché les fesses et la poitrine, a-t-elle envoyé, à l’époque du tournage, par message à ses proches. Gérard ne veut plus me parler car j’ai parlé des faits. »
« J’avais l’impression d’avoir fait quelque chose de mal »
Quand ce dernier apprend qu’elle en a parlé autour d’elle – et notamment à un membre de l’équipe de tournage -, Gérard Depardieu se serait emporté, la traitant de « folle », l’insultant, l’agressant verbalement. Le tout après s’être excusé timidement. « Quand il s’excuse, on voit qu’on lui a demandé de s’excuser, lance ainsi Sarah, à la barre du tribunal. À partir des excuses, il a été affreux toute la journée, il me hurlait dessus, ne voulait pas que je vienne le chercher. J’étais très mal, j’avais l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. »
Tandis qu’il affirmait ne pas se souvenir d’elle durant sa garde à vue, Gérard Depardieu a finalement reconnu se rappeler d’elle… avant de revenir sur sa défense de mardi : « Après, j’ai dit que je ne voulais plus qu’une jeune fille vienne me chercher, je voulais que cela soit un garçon car il y a toujours des problèmes. »
« Je vais mal depuis 1 an à cause de cette affaire », ajoute-t-elle, alors que le Président de la séance a résumé le rapport de l’unité médico-judiciaire (UMJ) : ITT de six jours, symptômes anxieux d’allure post-traumatique, anxiété réactionnelle, dégradation des conditions de travail, sentiment d’injustice, trouble du sommeil, retentissement psychologique et mise à distance par l’acteur mal vécue.
Pas de quoi freiner la défense, qui n’a pas hésité à remettre en question son témoignage. Comme lorsque la défense de Gérard Depardieu demande à Sarah pourquoi elle « ne semble pas troublée » sur des photos publiées sur Facebook, où elle apparaît en compagnie de l’acteur. La victime présumée explique alors que les réseaux sociaux ne sont « pas la vérité ». La défense lance ensuite « comme ce que vous dites… », sans apporter de preuves pour une telle accusation.
Ce à quoi Sarah répond : « Vous me traitez de menteuse donc ? Je ne répondrai plus si vous me traitez de menteuse. » Sa prise de parole, espère-t-elle, doit ainsi servir à laisser cet épisode derrière elle, mais aussi permettre une prise de conscience de la justice comme du monde du cinéma et de la société.
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