10 septembre : le gouvernement mobilise matraques et des lacrymos contre la colère sociale

Il leur avait été demandé « de faire preuve de la plus grande fermeté » contre les manifestants. Les préfets ont appliqué à la lettre la consigne du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Partout en France, 80 000 policiers et gendarmes ont été déployés pour tenir la rue. À Paris, le préfet de police, Laurent Nuñez, n’a pas lésiné sur les moyens.

Les jours précédant le 10 septembre, il a pris différents arrêtés pour interdire les « articles pyrotechniques en Île-de-France », autoriser « la captation, l’enregistrement et la transmission d’images » grâce à des caméras embarquées sur un hélicoptère de la gendarmerie et 10 drones – une douzaine ont été déployés sur Bordeaux et une bonne partie de la Gironde, et un drone a été autorisé à couvrir tout le Morbihan ou l’Orne – et un autre arrêté pour restreindre « le transport et la distribution de carburant, dont le gaz inflammable, dans des conteneurs individuels ».

Des drones et une pluie de matraques

Les policiers, placés sous ses ordres, ont eux aussi répercuté les consignes, jusqu’à l’absurde. Interrogé dans la matinale radio de France Info, Aurélien Boudon, secrétaire national du syndicat Solidaires, a été soumis à un contrôle d’identité en direct, l’obligeant à couper court à l’interview. Vers la gare du Nord, un peu plus tard dans la matinée, les compagnies d’intervention ont chargé sans ménagement les manifestants, dont certains s’étaient constitués en black blocs, mais aussi des journalistes présents, faisant s’abattre une pluie de matraques sur les têtes. Place de la Nation, un jeune homme a été violemment plaqué contre un mur, contrôlé, puis finalement relâché.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent également, à Paris, Lyon, et dans d’autres villes de France, l’utilisation de gaz lacrymogènes contre des manifestants dont le seul tort a été de se retrouver à portée de jet. Dans le 20e arrondissement de la capitale, des parents et des enfants ont dû fuir un nuage de lacrymogène à proximité d’une école maternelle. À la mi-journée, selon le ministère de l’Intérieur, le bilan était de 295 interpellations, dont 171 à Paris, 4 blessés parmi les forces de police et 106 actions de déblocage.

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