« Journée européenne des justes » : quand anticommunisme et révisionnisme s’invitent au Parlement européen
Convenons-en, l’époque est peu propice aux débats honnêtes. Il y avait ainsi peu de chance que le Parlement européen, le plus à droite de sa jeune histoire, échappe à la règle. Le 3 avril, la dernière session en a donné une nouvelle illustration en plaçant au cœur des discussions la question d’une meilleure promotion de la “Journée européenne des Justes”, fixée au 6 mars, traçant un trait d’égalité entre nazisme et communisme. Une conversation à l’initiative de la Commission.
« Notre histoire est marquée par des chapitres sombres, notamment pendant et après la Seconde Guerre mondiale : les crimes nazis et l’Holocauste, l’occupation soviétique et les crimes commis en Europe centrale et orientale sous le régime totalitaire des régimes communistes. Nous devons nous souvenir de ces chapitres sombres et de leurs victimes, et nous devons nous souvenir de ceux qui se sont opposés à eux », a fait valoir le commissaire hongrois, Olivér Várhelyi, proche du premier ministre Viktor Orbán, dans sa bouillie introductive.
« Journée européenne du souvenir »
Que le stalinisme ait été criminel ne fait aucun doute. Il est pourtant particulièrement malhonnête du point de vue historique de mettre sur le même plan la machine de mort hitlérienne et l’Union soviétique, son armée et tous ceux qui s’engagèrent à ses côtés dans le combat pour la libération. Cette falsification revient à relativiser la Shoah. C’est d’autant moins étonnant que les promoteurs de ce débat réhabilitent des criminels de guerre, comme c’est le cas en Hongrie avec l’amiral allié d’Hitler, Miklos Horthy. On regrettera une nouvelle fois que, comme par le passé, des voix sociales-démocrates et écologistes soutiennent la même thèse que les différentes nuances de l’extrême droite.
Dans un communiqué, les élus européens du Parti communiste de Grèce (KKE) ont mis en parallèle l’intensification de l’anticommunisme avec le plan ReArm Europe de 800 milliards d’euros et l’accélération des guerres commerciales : « Ils attaquent les communistes parce que ce sont eux qui se tiennent en première ligne pour donner aux peuples la force de résister à leurs plans de guerre impérialistes. Parce que ce sont eux qui se tiennent aux côtés des peuples contre le massacre impérialiste en Ukraine et le génocide du peuple palestinien par l’État meurtrier d’Israël. »
Ce n’est évidemment pas la première fois que le révisionnisme historique s’invite dans l’hémicycle bruxellois. Depuis plusieurs années, la Commission tente d’instaurer en vain, le 23 août, une « Journée européenne du souvenir » pour la commémoration des victimes de tous les régimes totalitaires et autoritaires.
Ce jour, qui marque la signature du pacte germano-soviétique, est ainsi désigné comme motif principal du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, omettant sciemment le traité de Versailles et ses conséquences, mais aussi les accords de Munich de 1938. Sont ainsi absous, dans un même mouvement, l’idéologie de mort national-socialiste, les régimes fascistes des années 1930 autant que la connivence des chancelleries occidentales et du patronat continental avec le nazisme.
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